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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de George Benjamin avec le concours de la percussionniste Adélaïde Ferrière et du trompettiste David Guerrier à l’Auditorium de Radio France.
Le chef jardinier
Dans le cadre du Festival d’automne, le compositeur George Benjamin dirige à l’Auditorium de la Maison de la Radio un programme où deux chefs-d’œuvre de la musique française encadrent deux créations françaises : celle d’une rapsodie de Wolfgang Rihm peu marquante et celle tout à fait fascinante de son propre concerto pour orchestre.
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D’un simple balancement de sa baguette, George Benjamin fait naître tout le mystère de l’ambiance du laboratoire où officie L’Apprenti sorcier. Le compositeur-chef obtient des timbres merveilleux d’un orchestre en empathie. De la musique du maître (Paul Dukas) de son maître (Olivier Messiaen), Benjamin privilégie les textures et les couleurs. Il s’attarde à l’excès, générant lenteur et affadissement du rebond rythmique. Le poème semble du coup faire du sur-place et perd son mordant.
Le choix de la pièce suivante interroge dans un programme marqué sinon par la cohérence. L’univers sonore de Wolfgang Rihm possède un caractère franc et entier qui paraît éloigné du monde atmosphérique du Britannique. Cette création française de Marsyas, une très virtuose rapsodie pour trompette, percussion et orchestre composée à la fin du siècle dernier n’apporte en tout cas pas grand-chose à notre connaissance du fascinant et très prolifique du compositeur allemand.
Comme tant de ses œuvres, elle traite d’un épisode fameux de la mythologie grecque. Le discours musical d’une trop constante violence dynamique du côté des percussions (marimba et sept tambours) et de l’orchestre pèche par bien des lieux communs à la trompette qui culminent sur un épisode jazzy bavard. Après l’entracte, la création française du tout récent Concerto pour orchestre de George Benjamin stimule autrement les oreilles.
Bien que le tempo ne varie qu’à la marge pendant dix-huit minutes, la plus grande variété s’expose tant dans les combinaisons orchestrales que dans les contrastes de dynamiques et de timbres. Assumant la virtuosité inhérente au genre de ce type de partition, Benjamin déploie un jardin aux mille affects qui revient à plus de couleurs et de lyrisme après les sévères Palimpsests (2002) et Duo pour piano (2008).
La même gourmandise préside à sa lecture du ballet intégral Ma mère l’oye. La battue fait de la musique de Ravel un festival de pianissimi, mettant au défi de ne pas détimbrer les formidables musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France, ce qu’ils réussissent haut la main. L’évanescence de cette direction met parfois la cohérence de l’orchestre en danger, comme si le chef jardinier était réticent à tailler dans ce foisonnement qui masque trop les danses sous-jacentes. On n’en remarque que davantage les splendeurs sonores du violoncelle d’Éric Levionnois et du violon de Nathan Mierdl.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 10/12/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de George Benjamin avec le concours de la percussionniste Adélaïde Ferrière et du trompettiste David Guerrier à l’Auditorium de Radio France. | Paul Dukas (1865-1935)
L’Apprenti sorcier (1897)
Wolfgang Rihm (*1952)
Marsyas (1999)
David Guerrier (trompette)
Adélaïde Ferrière (percussions)
George Benjamin (*1960)
Concerto pour orchestre (2021)
Maurice Ravel (1875-1937)
Ma mère l’oye (1911)
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : George Benjamin | |
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