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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Concert du Quatuor Jérusalem avec le concours de l’altiste Miguel da Silva et du violoncelliste Gary Hoffman dans le cadre de la Biennale de quatuor à cordes 2022 à la Cité de la Musique, Paris.
Biennale 2022 (4) :
Expansion lyrique
D’un programme court mais composé de deux des plus belles partitions de chambre de Dvořák, le Quatuor de Jérusalem tire le maximum de virtuosité. Pour la pudeur ou les ambiguïtés supposées d’une musique aux racines délicates, on repassera, mais on ne boude pas le plaisir d’entendre ces musiciens expansifs jusqu’au lyrisme le plus opératique dans un bis inattendu.
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Ĺ’uvre phare d’AntonĂn Dvořák, le Quatuor AmĂ©ricain convoque une virtuositĂ© qui doit garder les saveurs du terroir. Le Quatuor de JĂ©rusalem demeure après plus de vingt-cinq annĂ©es d’existence, l’un des ensembles les plus habiles qui soient. Leur sonoritĂ© chaleureuse les destine Ă la musique d’Europe centrale, avec la particularitĂ© d’un altiste Ă la prĂ©sence magnĂ©tique, Ori Kam, Ă qui revient le premier thème de la partition. Les autres musiciens ne sont pas en reste pour chanter, d’une manière assez Ă©tourdissante, dressant un paysage intense.
Le Lento à la mélancolie prégnante n’appelle pas les mêmes ressources, sinon un lyrisme encore plus étendu. Les Jérusalem s’y montrent en compétition, les uns aux autres. Le mal du pays que pourrait refléter ce mouvement semble submerger par une expression excessive. L’on est davantage dans un tableau pittoresque d’un Iowa aux espaces immenses que dans l'évocation pudique de la Bohême natale du compositeur. Comme on s’en doute, le Scherzo trouve les quatre musiciens à leur affaire dans l’imitation des rivalités joyeuses d’une compagnie d’oiseaux. L’ivresse des timbres gagnent le quatuor dans son dernier mouvement emmené d’une traite sans que le choral du milieu ne tempère vraiment cette évocation festive.
Le même entrain se retrouve dans le sextuor donné en seconde partie de programme. Le renfort apporté par Miguel da Silva et Gary Hoffman fonctionne particulièrement bien dans l’optique vive adoptée par les Jérusalem. L'œuvre se prête sans doute moins aux épanchements lyriques mais les rythmes restent ici autant serrés au point que l’on rêve parfois d’un peu plus de respiration pour une œuvre de jeunesse. La Dumka y prend un tour moins naïf, plus appuyé et plus moderne aussi. Après un Furiant qui passe comme une tornade, le dernier mouvement fait la part belle aux instruments des invités. Les variations sont détaillées avec éloquence jusqu’à la strette finale.
En bis, les musiciens donnent une transcription de l’air de Lenski d'Eugène Onéguine de Tchaïkovski. Réalisée avec beaucoup de talents par Ori Kam, elle déploie couleurs et contrechants, et sied comme un gant au style lyrique très généreux de l’ensemble.
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Cité de la Musique, Paris Le 20/01/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert du Quatuor JĂ©rusalem avec le concours de l’altiste Miguel da Silva et du violoncelliste Gary Hoffman dans le cadre de la Biennale de quatuor Ă cordes 2022 Ă la CitĂ© de la Musique, Paris. | AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Quatuor à cordes n° 12 en fa majeur op. 96, « Américain » (1893)
Sextuor Ă cordes (1878)
Quatuor JĂ©rusalem
Alexander Pavlovsky, violon I
Sergei Bresler, violon II
Ori Kam, alto
Kyril Zlotnikov, violoncelle
Miguel da Silva, alto (sextuor)
Gary Hoffman, violoncelle (sextuor) | |
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