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CRITIQUES DE CONCERTS |
25 avril 2025 |
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Le caractère particulièrement radieux de la Sonate en ré majeur D 850 de Schubert convient au jeu lumineux d’Arcadi Volodos. Pourtant, dans l’Allegro vivace initial, le pianiste russe semble se faire violence pour se dégager de sa sonorité somptueuse. C’est que l’élan de ce mouvement demande une articulation franche et sans détour qui n’est pas la première caractéristique de son art.
Passé ce mouvement peu naturel pour lui, Volodos gagne des rivages plus familiers avec le Con moto. La simplicité est peut-être mieux servie par d’autres pianistes, mais ils sont peu nombreux à pouvoir offrir un son aussi coloré à cette page contemplative. Les deux autres mouvements montrent en plus un talent rare à faire vivre cette sonate comme de la musique de chambre, avec une multiplication des plans sonores qui renouvelle sans cesse la perspective.
On se faisait une fête de la promesse du Premier livre de Préludes de Debussy mais le pianiste qui de son propre aveu chemine lentement et se refuse à survoler les choses, a finalement préféré revenir à Schumann pour la deuxième partie du récital. En enchaînant sans pause les Scènes d’enfants et la Fantaisie, Volodos souligne les modulations harmoniques subtiles du compositeur. La première pièce d’une dimension plus intime est comme un terrain de jeu pour lui. La poésie raffinée et millimétrée qu’il y distille ne verse jamais dans l’emphase. La pudeur reste de mise à tout moment jusqu’à la dissolution de Le Poète parle.
Si la sonate de Schubert avait suscité un jeu chambriste, la Fantaisie de Schumann appelle un jeu orchestral qui ne pose aucun problème à Volodos, qui n’a pas son pareil pour évoquer les attaques des cordes ou les fanfares. Sous les aplats de couleurs perce une tendresse qui entraîne le pianiste à toujours plus de nuances. En particulier dans le troisième mouvement, l’équilibre ne se fait pas toujours entre les passages très animés qui pourraient sonner plus sanguins et les voix intérieures d’une sophistication impressionnante.
Cinq bis offerts généreusement par le pianiste forment un bouquet des plus chatoyants. L’Oiseau-prophète des Scènes de la forêt de Schumann prolonge l’émerveillement devant l’éventail de couleurs. La romance de Rachmaninov transcrite par le pianiste, un Lyadov, un Scriabine et enfin un Mompou participent d’un univers sonore artificiellement unifié mais indéniablement féérique.
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Philharmonie, Paris Le 01/02/2022 Thomas DESCHAMPS |
 | Récital du pianiste Arcadi Volodos dans le cadre de Piano**** à la Philharmonie de Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano en ré majeur D 850 (1825)
Robert Schumann (1833-1897)
Scènes d’enfants op. 15 (1838)
Fantaisie op. 17 (1839)
Arcadi Volodos, piano |  |
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