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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Concert du London Symphony Orchestra sous la direction de Gianandrea Noseda, avec la participation de la pianiste Beatrice Rana Ă la Philharmonie de Paris.
Liberté et contrainte
Malgré les annulations et les frictions franco-anglaises du moment, la musique reste plus forte et le London Symphony Orchestra assure sa tournée à la Philharmonie de Paris, avec à sa direction Gianandrea Noseda, d’abord accompagnateur de Beatrice Rana dans l’Empereur de Beethoven, puis architecte en chef de l’ultime symphonie de Chostakovitch.
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Passés les massifs premiers accords initiaux, Beatrice Rana introduit de sa superbe dextérité le Cinquième Concerto de Beethoven, rarement développé avec autant de fluidité. Puis le London Symphony Orchestra reprend l’ascendant, avec des contrebasses presque râpeuses et un son compact. Les cuivres, à commencer par le magnifique cor, apportent à l’Allegro une touche de clarté, tandis que la pianiste libère souvent son jeu pour dominer la masse orchestrale proposée par Gianandrea Noseda.
L’Adagio un poco mosso offre un doux tapis sonore à la soliste, extrêmement fine dans son introduction. Très lente, la coda du mouvement lent semble presque technique et étonnamment, l’attaque du Rondo ne contraste pas totalement, car celui-ci ne parvient jamais vraiment à briller. Après cette prestation pianistique, la soliste visiblement émue livre un bis surprenant, un Cygne du Carnaval des animaux de Saint-Saëns difficile à reconnaître.
Après l’entracte, Noseda s’affronte à une formation plus fournie dans la Symphonie n° 15 de Chostakovitch. Bien que d’origine milanaise, il ne faut oublier qu’il a été plus de dix ans chef invité principal du Mariinski et maîtrise parfaitement la musique russe, tant en fosse qu’au concert. Et s’il aborde bien l’ultime symphonie du compositeur soviétique avec un son slave, il en livre aussi une interprétation architecturée. Dès l’Allegretto, l’intervention des trompettes dans la citation de Guillaume Tell puis la mise en avant des claviers et le traitement acide des cuivres, et plus encore les cordes dans leurs fuites vers l’abîme démontrent une volonté de faire ressortir toute l’angulosité et la modernité de cette partition.
Décuplé par le violoncelle, d’une sublime sonorité sans pour autant être très émouvant, l’Adagio continue de trouver le caractère froid et aigre du mouvement liminaire, puis laisse à l’Allegretto et au premier violon le soin d’insuffler un peu plus de douceur et d’humour grinçant. L’Adagio finale se développe encore sous la contrainte et par l’angle moderne recherché par le chef, à l’aide d’un motif wagnérien très pesant. Toujours sous les parfaites interventions des instrumentistes, l’œuvre glisse vers sa fin et si le dernier thème doucereux tente de se faire entendre, il est immédiatement entrecoupé puis finalement effacé par le piccolo et les percussions, très concentrés dans les derniers instants.
Après des applaudissements nourris, Noseda offre un bis plus enjouĂ© bien que limitĂ© dans son effusion : la Danse slave op. 46 n° 3 d’AntonĂn Dvořák.
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Philharmonie, Paris Le 07/02/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Concert du London Symphony Orchestra sous la direction de Gianandrea Noseda, avec la participation de la pianiste Beatrice Rana Ă la Philharmonie de Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre n° 5 en mib majeur op. 73
Beatrice Rana, piano
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 15 en la majeur op. 141
London Symphony Orchestra
direction : Gianandrea Noseda | |
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