Bien construit, l’avant dernier concert de cette 32e édition du Festival Présences, consacrée à l’œuvre de Tristan Murail, met en avant l’ensemble pour lequel le compositeur a participé à la création presqu’un demi-siècle plus tôt : L’Itinéraire. Pour ce concert, la formation est dirigée par Léo Margue.

Par jeu de mise en regard, Éthers de Murail se place en fin le programme et c’est une pièce de son contemporain Michaël Levinas qui ouvre le concert, Appels, créée en 1974 par L’Itinéraire. Prévu principalement pour vents, renforcés de quelques cordes, percussions, piano et électronique, l’œuvre se lance dans des appels de cors, sonorités ensuite prospectées par le basson, le trombone ou la trompette.

Périodes de Gérard Grisey, revient aux prémisses des recherches sur le spectre, avec cette pièce aujourd’hui un peu aride, bien que d’un matériau déjà parfaitement maîtrisé. D’une quinzaine de minutes, elle analyse le spectre d’un mi de trombone et trouve sous L’Itinéraire et la gestion précise des pulsations par Léo Margue une belle manière pour se développer librement.

Avant de retrouver cette même période avec Véga de Roger Tessier, créé en 1973, la jeune compositrice Talia Amar présente Labyrinth en création mondiale. Fortement inspirée par Éthers, la compositrice explore comme son titre l’indique une forme de dédale musical, ouvert par des clochettes et la flûte, avant de tenter de s’éloigner pour finalement systématiquement revenir au point de départ.

Amplifié par électronique, le résultat montre de l’intérêt et méritera d’être rejoué pour pouvoir mieux s’approprier, tandis qu’en seconde partie de concert, Véga de Tessier, pour ondes Martenot, piano et percussions, accuse son âge sans réussir à démontrer véritablement autre chose qu’une technique quelque peu dépassée.

Deuxième création du concert, QuolibetÉthers. Les maracas se font entendre, cachés des deux côtés de la scène, comme pour créer un fond continu qui empêche tout silence réel, puis les cordes entrent sur de longues notes, étirées jusqu’à trouver dans cette fausse stabilité le besoin de s’agiter. Créée en 1978, la partition reste l’une des plus impressionnantes de Murail et bénéficie encore aujourd’hui de L’Itinéraire pour être parfaitement retranscrite.

Après plus de deux heures et d’incessants changements de plateau, Quolibet, commandé par Radio France, permet à Roque Rivas de développer son travail dans la continuité de l’école spectrale, avec moins de contrainte toutefois dans le développement du matériau. Véritable hommage à Murail, l’œuvre d’une dizaine de minutes en une introduction et trois parties joue sur les rythmes et les timbres, afin de créer un rendu relativement coloré et dynamique, bien agencé pour libérer l’énergie d’un ensemble là encore bien contrasté.