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CRITIQUES DE CONCERTS 11 mai 2024

Le Nozze di Figaro de Mozart

Une Comtesse coréenne illumine les Noces
© Eric Mahoudeau

Belle idée que d'avoir fait revivre la mise en scène mythique de Giorgio Strehler pour ces Noces. Mais en l'absence du maître du jeu scénique, la magie s'est envolée. Heureusement, il y a l'infaillible instinct mozartien d'Armin Jordan et surtout une comtesse divine incarnée par Hei-Kyung Hong


 

Opéra Bastille, Paris
Le 30/11/1999
Antoine Livio (1931-2001)
 



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  • De révolutionnaire qu'elle nous parut, et qu'elle fut lors de la réouverture du Palais Garnier, en 1973, inaugurant l'ère Liebermann, la mise en scène de Strehler est devenue mythique. Or une mise en scène de Strehler est avant tout la création de types, pour ne pas dire d'archétypes. Qu'on se souvienne : tous les comédiens qui se sont succédé dans le rôle d'Arlecchino, dans Arlequin serviteur de deux maîtres, se ressemblaient, tout comme se ressemblèrent tous les Osmin de l'Entführung aus dem Serail. Pourquoi n'en est-il rien dans les Nozze di Figaro, qui pourtant portent la griffe de ce maître incontesté du jeu scénique ?

    Il revient à Humbert Camerlo, l'honneur d'avoir restitué à ce spectacle un certain style qui nous enchanta le 30 mars 1973, à l'Opéra Gabriel du château de Versailles. Mais force est de constater qu'un quart de siècle plus tard, il n'y a plus derrière les notes, comme derrière les mots, cette charge émotionnelle et passionnée que Strehler y avait mise. Tout y est plus scintillant que lumineux, épidermique que profond.

    Armin Jordan est pour moi le seul grand héritier de Solti, tel s'impose-t-il dans la fosse de l'Opéra Bastille, avec ce sens de la dramaturgie musicale qui porte le récitatif jusqu'à l'ampleur de l'aria, qui sait moduler l'émotion et suivre le dialogue suivant le caractère de chaque personnage. Aussi avec Jordan, ces ensembles si caractéristiques du génie mozartien prennent -ils soudain une transparence, une lisibilité rare. Et je ne suis pas loin de croire qu'il permet ainsi à chaque interprète de se sentir au meilleur de sa forme. À commencer par l'héroïne de la soirée, la Contessa, cette belle et élégante Coréenne, Hei-Kyung Hong. La première à me rappeler certaines inflexions de Lisa della Casa, sans doute la plus émouvante Comtesse de ce demi-siècle. Cette ligne de chant, cette respiration ineffable ont fait le vide autour d'elle. Seul Robert Tear, comédien et musicien pervers existe-t-il réellement en Basile et Georges Gautier en Curzio. Les autres chantent juste et bien, mais on les voit peu. Il est difficile d'exister à l'ombre d'une si grande dame, Hei-Kyung Hong ! souvenons-nous de son nom, en espérant que l'avenir lui permettra de poursuivre une belle carrière.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 30/11/1999
    Antoine Livio (1931-2001)

    Le Nozze di Figaro de Mozart
    Direction musicale : Armin Jordan
    Mise en scène : Giorgio Strehler/Humberto Camerlo
    Décors et costumes : Ezio Frigerio
    Avec William Shimell (Conte Almaviva), Gerald Finley (Figaro), Markus Hollop (Bartolo), Robert Tear (Don Basilio), Kristina Hammarström (Cherubino), Lynton Black (Antonio), Georges Gautier (Don Curzio), Hei-Kyung Hong (Contessa Almaviva), Juanita Lascarro (Susanna), Della Jones (Marcellina), Virginie Pochon (Barbarina).

     


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