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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Nouvelle production d'Atys de Lully dans une mise en scène d'Angelin Preljocaj et sous la direction de Leonardo GarcĂa AlarcĂłn au Grand Théâtre de Genève.
La danse des ombres
Trente ans après l'iconique production Villégier, Atys revient sur une scène lyrique au Grand Théâtre de Genève, avant une reprise toute prochaine à Versailles. La tragédie lyrique de Lully bénéficie d'une mise en scène réglée par le chorégraphe Angelin Preljocaj, avec des décors de Prune Nourry et les sculptures vestimentaires de Jeanne Vicérial.
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L'ensemble dégage une impression immédiate d'œuvre d'art total, fruit d'une collaboration entre des formes artistiques pas forcément éloignées, mais dont la complémentarité peine parfois à s'exprimer dans un résultat cohérent. Le matériel chorégraphique de Preljocaj est abondant et souvent envahissant, au point de créer un halo continu de gestes et qui double les mouvements des chanteurs dans un jeu d'échos qui parfois se neutralise.
On se souvient à ce propos du Così fan tutte mis en scène à Garnier par Anna de Keersmaeker – entreprise incomplète et mitigée, principalement en raison du parasitage d'idées scéniques entre danse et chant. Angelin Preljocaj demande aux chanteurs des pas de danse et des portés qui laissent percevoir sur la durée l'écart technique qui les sépare des vrais danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève.
En métamorphosant Atys en ballet, la mise en scène fait disparaître la notion de tragique, noyée dans une esthétique du théâtre Nō, chère au chorégraphe, et que les costumes de Jeanne Vicérial soulignent franchement. La durée généreuse de l'ouvrage offre un espace mental à une méditation visuelle, au risque d'étirer le drame et les lignes narratives qui évoquent les amours contrariées d'Atys et Sangaride, jalousés par Cybèle et Célénus.
La seconde partie étant la plus concentrée sur le plan de l'action, la mise en gestes fonctionne plus aisément, bien aidée par des effets plastiques dus aux décors de Prune Nourry. La mort d'Atys est un savant hommage aux machines baroques et aux planches d'anatomie du Grand Siècle avec ce corps mi-humain mi-végétal qui s'élève vers les cintres.
Le plateau présente des individualités marquantes, comme le rôle-titre interprété par un Matthew Newlin au phrasé à la fois dense et incarné, composant avec la Sangaride d'Ana Quintans un duo parfaitement calibré et subtil dans le grand duo du IV. Giuseppina Bridelli campe une Cybèle tout en majesté et en distance, impulsant au rôle une caractérisation et une projection de belle tenue. Andreas Wolf en Célénus est un peu limité dans les changements de registres, aux antipodes d'un Luigi De Donato capable d'alterner Le fleuve Sangar et Le Temps avec une belle voix ténébreuse.
La cĂ©lèbre scène du sommeil fait la part belle Ă Nicholas Scott (le Sommeil) et Valerio Contaldo (MorphĂ©e), tandis que Gwendoline Blondeel (Doris et Iris) et Lore Binon en Flore et MĂ©lisse offrent une belle prĂ©sence. Ă€ la tĂŞte du ChĹ“ur du Grand Théâtre de Genève et d'une Cappella Mediterranea en grand effectif, Leonardo GarcĂa AlarcĂłn sublime une partition dont il connaĂ®t les mĂ©andres et les difficultĂ©s, changeant les divines longueurs en une suite ininterrompue de contrastes et d'Ă©lĂ©gances.
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Grand Théâtre, Genève Le 27/02/2022 David VERDIER |
| Nouvelle production d'Atys de Lully dans une mise en scène d'Angelin Preljocaj et sous la direction de Leonardo GarcĂa AlarcĂłn au Grand Théâtre de Genève. | Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
Atys, tragédie lyrique en cinq actes (1676)
Livret de Philippe Quinault d'après Ovide
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Chœur du Grand Théâtre de Genève
Ensemble Cappella Mediterranea
direction : Leonardo GarcĂa AlarcĂłn
Mise en scène et chorégraphie : Angelin Preljocaj
décors : Prune Nourry
costumes : Jeanne Vicérial
Ă©clairages : Eric Soyer
préparation des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
Matthew Newlin (Atys), Giuseppina Bridelli (Cybèle), Ana Quintans (Sangaride), Andreas Wolf (Célénus), Michael Mofidian (Idas / Phobétor / Un songe), Gwendoline Blondeel (Doris / Iris / Une divinité des fontaines), Lore Binon (Mélisse / Flore / Une divinité des fontaines), Nicholas Scott (Le sommeil / Zéphyr), Valerio Contaldo (Morphée / Dieu de Fleuve), Luigi De Donato (Le fleuve Sangar / Le Temps), José Pazos (Phantase). | |
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