|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
|
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Khatia Buniatishvili à la Philharmonie de Paris.
Câlins et parfums
Deux tubes absolus et deux raretés au concert pour un programme où la seule incohérence stylistique est le Concerto pour piano de Tchaïkovski, tant par le choix de l’œuvre que par sa soliste. Pour le reste, la délicatesse du mariage des timbres de l’Orchestre de Paris n’a d’égal qu’une vie rythmique souterraine mais captivante.
|
|
Wozzeck chez Big Brother
L’art de célébrer
Géométrie de chambre
[ Tous les concerts ]
|
Des câlins aux chefs de pupitre du quatuor à cordes de l’orchestre, des embrassades au chef, des cœurs formés les mains jointes, et même un baiser à destination de son public qui applaudit à la fin du premier mouvement du Concerto pour piano n° 1 de Tchaïkovski : Khatia Buniatishvili se montre prodigue de manifestations d’affection, de musicalité moins.
Le début de l’Allegro non troppo e molto maestoso initial fait entendre une sonorité écrasée peu puissante. La suite consiste en des accélérations où la pianiste franco-géorgienne est contrainte de sauter des notes tandis qu’elle en rajoute lors des décélérations d’où un effet cartoonesque pouvant occasionner des nausées. La fin de la Septième Sonate de Prokofiev donnée en bis ne dissipe pas loin s’en faut cette impression. Seul l’Adagio du concerto de Marcello dans la transcription de Bach apporte un moment d’indéniable séduction.
L’Orchestre de Paris qui ne démérite pas durant le concerto réussit à faire quelques échappées gracieuses notamment pendant le mouvement lent. Auparavant, la Suite n° 2 du Tricorne de Falla dirigée avec fluidité par Mäkelä n’offre peut-être pas les couleurs ibériques attendues, mais une grâce féline fascinante en particulier dans la Danse du meunier.
Les trop rares Images pour orchestre de Debussy ouvrant la seconde partie de concert ressortent d’une inspiration comparable si l’on en croit la direction du chef. Mêmes couleurs retenues, mêmes rythmes ensorcelants aux coutures invisibles. Au sein d’Iberia, les Parfums de la nuit ne sont pas capiteux mais restent en tête longtemps. La magie continue d’opérer pour un Boléro de Ravel à la mécanique dissimulée. Jamais le chef ne vient insister sur le rythme. Mäkelä se contente de phraser les interventions de certains pupitres.
Ce tube absolu échappe à sa rengaine pour devenir un objet de bon goût. Ce n’est que dans les dernières mesures que le chef modifie la sonorité égale de l’orchestre pour une saturation des couleurs digne des plus grands fauves en peinture.
| | |
|
Philharmonie, Paris Le 24/03/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Khatia Buniatishvili à la Philharmonie de Paris. | Manuel de Falla (1876-1946)
El Sombrero de tres picos, suite n° 2 (1919)
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Concerto pour piano n° 1 en sib mineur op. 23 (1875)
Khatia Buniatishvili, piano
Claude Debussy (1862-1918)
Images (1910-1913)
Maurice Ravel (1875-1937)
Boléro (1928)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
| |
| | |
|