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| CRITIQUES DE CONCERTS |
20 avril 2024 |
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Première à l’Opéra de Rouen Normandie de Jenůfa de Janáček dans la production Calixto Bieito, sous la direction d’Antony Hermus.
Pas de répit pour Jenůfa
Alors que Jenůfa s’achève le soir même à Toulouse, Rouen prend le relais avec une lecture à l’opposé, où tout converge autour de la mise en scène radicale de Calixto Bieito, créée il y a quinze ans à Stuttgart. Porté par Natalya Romaniw dans le rôle-titre et une fosse en parfait accord avec la proposition, le spectacle marque par l’actualisation du propos.
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Vision persistante
Messiaen en antichambre
Pastorale nordique
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Calixto Bieito ne devait être que le nom du créateur de la production, reprise par Nina Dudek en Normandie, mais il est bien là aux saluts et le directeur de l’Opéra de Rouen nous a même confirmé que l’artiste s’est repassionné pour son travail, au point de finalement le retoucher pendant une dizaine de jours avec la distribution. On retrouve donc ce qui faisait la force de ses propositions il y a une décennie et fonctionne encore parfois aujourd’hui.
Le rideau s’ouvre sur un décor gris et taggué dans lequel traîne un tas de vêtements, et l’on quitte la jolie roue de village du livret pour s’intégrer dans un propos moderne : un quartier populaire de cité où la religion n’est pas ici utilisée pour expliquer la faute de Jenůfa, enceinte hors mariage, mais où le poids de la société reste tout aussi fort.
Pour maintenir le caractère oppressant du roulis créé par Janacek dès l’introduction au xylophone, Bieito ajoute des bruits répétitifs sur scène en continuité avec cette idée musicale, d’un jeu de ping-pong au I aux machines à coudre de l’usine de vêtement au III, avec pour résultat de tendre encore plus le public, déjà sous pression par la tension permanente recherchée.
Avec une direction colorée et fluide, il y aurait eu antinomie, mais Antony Hermus fonce heureusement à plein dans la même direction que Bieito et cherche d’un excellent Orchestre de l’Opéra Rouen Normandie un son tendu, souvent rêche voir râpeux. Les accords de la harpe sont froids, le grand solo de violon presque acide, les attaques nettes. Tout s’accorde à aller dans le sens de la scène, également soutenue par le chœur, qui rate son entrée mais dynamise ensuite ses interventions.
Idem du plateau, dont la Jenůfa de Natalya Romaniw est une voix vigoureuse sur tout le spectre, mais à laquelle n’est laissée aucune possibilité d’émotion. La Kostelnička de Christine Rice semble moins à l’aise avec la direction d’acteur et se montre un peu perdue au I, pour mieux rentrer dans l’action à partir de l’acte II, où elle finit par éclater aux poings la tête de l’enfant. Pour le reste du plateau, bien distribué, se démarque le Laca de Kyle van Schoonhoven, d’une voix vaillante ajustée à l’énergie du ténor en scène.
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Opéra, Rouen
Le 26/04/2022
Vincent GUILLEMIN |
| | Première à l’Opéra de Rouen Normandie de Jenůfa de Janáček dans la production Calixto Bieito, sous la direction d’Antony Hermus. | Leoš Janáček (1854-1928)
Jenůfa, opéra en trois actes (1904)
Livret du compositeur d'après Gabriela Preissovà
Chœur accentus / Opéra de Rouen Normandie
Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie
direction : Antony Hermus
mise en scène : Calixto Bieito
décors : Susanne Gschwender
costumes : Ingo Krügler
éclairages : Reinhard Traub
préparation des chœurs : Lukáš Vasilek
Avec :
Natalya Romaniw (Jenůfa Buryja), Christine Rice (Kostelnička Buryjovka), Kyle van Schoonhoven (Laca Klemeň), Dovlet Nurgeldiyev (Števa Buryja), Doris Lamprecht (Stařenka Buryjovka), Yoann Dubruque (Stárek), Victor Sicard (Le maire du village), Aline Martin (La femme du maire), Séraphine Cotrez (Karolka), Lise Nougier (Pastuchyňa), Yete Queiroz (Barena), Clara Guillon (Jano).
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