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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Troisième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique d’Oslo sous la direction de Klaus Mäkelä à la Philharmonie de Paris.
Mahler du Nord
La visite à Paris de l’Orchestre philharmonique d’Oslo sous la direction de l’actuel jeune patron de l’Orchestre de Paris Klaus Mäkelä apporte un éclairage intéressant sur les qualités d’adaptation du chef aux forces dont il a la charge. Il en résulte une interprétation de la Troisième Symphonie de Mahler tout en densité et pulsion, impressionnante plus qu’introspective.
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Klaus Mäkelä poursuit son voyage mahlérien ; cette fois-ci avec son autre formation, l’Orchestre philharmonique d’Oslo. L’intérêt d’entendre sa conception de la Symphonie n° 3 se confond avec celui d’apprécier son travail avec les Norvégiens. D’une baguette ferme qui ne faiblit pas, Mäkelä dessine un premier mouvement emporté où les pupitres de cuivres brillent de feux ardents. Une demi-heure durant, les trompettes, les trombones et les cors musèlent un monde glacé. La petite harmonie semble soumise et les cordes ne servent qu’à soutenir un contrepoint implacable.
Le Tempo di Minuetto n’apporte pas de contraste très important. Plus aimable, c’est sûr, l’ensemble conserve une unicité de couleurs qui ne se démentira pas par la suite. L’abstraction gagne le coucou et les autres habitants du vigoureux Comodo. Depuis la coulisse, le cor de postillon (qui ce soir n’en n’est pas un) ne se départit pas d’une certaine solennité. Le mouvement nietzschéen bénéficie de la belle voix sans doute trop claire de Jennifer Johnston qui maîtrise particulièrement les pièges de cette page nécessitant une gestion délicate du souffle. Là aussi, la gravité l’emporte sur le mystérieux.
Les femmes et les enfants du Chœur de l’Orchestre de Paris sont rejoints par les enfants d’Oslo dans une conjonction avec l’orchestre et la mezzo-soprano d’une rare précision. Le retour au monde purement instrumental du dernier mouvement garde une plasticité sans défaut mais aussi sans toute la tendresse qu’on pourrait y trouver. Petit à petit dans une gradation soignée les cuivres renouvellent l’emprise du début de la symphonie, la boucle est bouclée. Plusieurs enseignements se dégagent de ce très beau concert.
Le Philharmonique d’Oslo sonne comme une formation foncièrement différente de l’Orchestre de Paris : moins individuelle, ultradisciplinée, aux fortissimos plus assurés que les pianissimos. Une culture orchestrale très collective où les couleurs se fondent voire se raréfient. De tout cela, avec une intelligence remarquable, Mäkelä prend son parti pour une conception plus minérale que son Mahler parisien, moins onirique aussi. Il est également frappant de constater qu’il demande aux Norvégiens beaucoup moins de rubato qu’aux Français. Enfin, la pulsion et la densité qui animent sans jamais de fragilité sa conception de la Symphonie n° 3 sont la marque de sa jeunesse.
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Philharmonie, Paris Le 10/05/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Troisième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique d’Oslo sous la direction de Klaus Mäkelä à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 3 en ré mineur (1896)
Jennifer Johnston, mezzo-soprano
Chœur de femmes de l’Orchestre de Paris
Chœur d’enfants d’Oslo
Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris
Orchestre philharmonique d’Oslo
direction : Klaus Mäkelä | |
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