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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Nouvelle production de Turandot de Puccini dans une mise en scène de Daniel Kramer et sous la direction d’Antonio Fogliani au Grand Théâtre de Genève.
Turandot au laser
Daniel Kramer et le collectif teamLab se saisissent de Turandot dans une production extrêmement spectaculaire, entre show laser et défilé de mode futuriste. Antonino Fogliani soulève l'Orchestre de la Suisse romande, faisant oublier les faiblesses d'Ingela Brimberg et Teodor Ilincăi, tandis que Francesca Dotto bouleverse en Liù et Liang Li en Timur.
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Le Grand Théâtre de Genève conclut sa saison par une Turandot très spectaculaire, dans la lignée de la grande machinerie de l'Elektra d’Ulrich Rasche, mais cette fois-ci dans une esthétique visuelle qui fait la part belle aux lasers et aux effets de lumières multicolores. Daniel Kramer et le collectif japonais teamLab, spécialisé dans les effets vidéos et les nouvelles technologies, proposent un spectacle avec effets stroboscopiques et foule de personnages fantasmagoriques.
Mi-insectes géants, mi héros d'heroic fantasy, ces étranges créatures se bousculent sur la vaste tournette du Grand Théâtre, multipliant les allusions à la pop-culture japonaise et au fait que Turandot est une cantatrice-castratrice, dont la pureté va de pair avec la perversité. Tout cela est savamment esthétisé par le recours à des sexes fleuris qui équipent une gent masculine en éphèbes bodybuildés intellectuellement peu équipés avec, en parallèle, une masse chorale placée au-dessus de la scène dans une boîte horizontale et déguisée en sexes féminins immaculés qui contraste avec un peuple soumis qui traîne ses haillons.
La scène des questions est l'occasion du beau symbole d'une Turandot prisonnière d'un bulbe doré qui progressivement, se rapproche du sol à chaque réponse de Calaf. La seconde partie est moins inspirée et tourne un peu à vide, avec des effets visuels déjà vus et des scènes où l'on force le sens pour mieux le mettre en scène – suicide de Timur et Liù suspendus dans des cages de verre, torture de Calaf, ministres qui s'entretuent.
L'adjonction du final de Luciano Berio (donné pour la première fois en Suisse) déplace complètement l'intérêt vers l'Orchestre de la Suisse romande, dirigé avec une profusion de détails et d'énergie par Antonino Fogliani. Le chef italien proportionne la partition à la dimension d'exubérance et de couleurs de la mise en scène, n'hésitant pas à offrir à Puccini la trame complexe et puissante d'une authentique fresque musicale.
Le Chœur du Grand Théâtre impressionne par sa qualité et son volume, tandis que le plateau réserve des découvertes plus mitigées. Ingela Brimberg livre une Turandot pas si éloignée de son Elektra, par l'esprit ou la technique. Les aigus contondants et vrillés peinent à convaincre là où Teodor Ilincăi en Calaf n'a guère à offrir qu'une ligne assez peu contrastée, timorée dans Nessun dorma et trop terne pour enthousiasmer vraiment.
La palme de la soirée revient à Francesca Dotto (Liù), d'une projection et d'un galbe supérieurs parfaitement adaptés au caractère doloriste du personnage. Nous placerons au même degré d'excellence le Timur sensible et inspiré de Liang Li, face à un trio de ministres plein de gouaille et d'abattage. Saluons enfin la présence émouvante de la légende Chris Merritt (Altoum), désormais au rang d'impérial souvenir.
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Grand Théâtre, Genève Le 20/06/2022 David VERDIER |
| Nouvelle production de Turandot de Puccini dans une mise en scène de Daniel Kramer et sous la direction d’Antonio Fogliani au Grand Théâtre de Genève. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Turandot, opéra en trois actes (1926)
Livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d’après la pièce homonyme de Carlo Gozzi
Version du final de Luciano Berio créée à Los Angeles en 2002
En coproduction avec le Tokyo Nikikai Opera
Chœur du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse romande
direction : Antonino Fogliani
mise en scène : Daniel Kramer
scénographie et art numérique : teamLab
conception scénique : teamLab Architects
costumes : Kimie Nakano
éclairages : Simon Trottet
chorégraphie : Tim Claydon
dramaturgie : Stephan Müller
préparation des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
Ingela Brimberg (Turandot), Chris Merritt (Altoum), Liang Li (Timur), Teodor Ilincăi (Calaf), Francesca Dotto (Liù), Simone Del Savio (Ping), Sam Furness (Pang), Julien Henric (Pong), Marc Mazuir (Un mandarin). | |
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