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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Reprise de Platée de Rameau dans la mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Marc Minkowski à l’Opéra national de Paris.
La fĂŞte Ă la grenouille
Avec les orages, voici le retour de la nymphe Platée et de son histoire cruellement drôle. Le spectacle de Laurent Pelly frappe toujours par sa finesse et la variété des émotions, notamment portées par les ballets endiablés de Laura Scozzi. Depuis la fosse, Marc Minkowski exhale les parfums de pluie et de vent de la partition, et emporte un plateau équilibré.
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Contemporaine de la mise en scène d’Alcina, elle aussi reprise cette saison, la Platée réalisée en 1999 par le duo de choc Marc Minkowski-Laurent Pelly revient pour notre plus grand bonheur. Passé un prologue un peu vieilli mettant le théâtre en abyme (précédant d’une année le travail de Robert Carsen pour Les Contes d’Hoffmann), le travail de Pelly et de ses acolytes réjouit comme aux premiers jours.
L’évocation de la mare et de sa roseraie au dernier acte garde une fraîcheur toute poétique. Mais le point saillant de cette production, ce sont les danses. À la fois virtuoses jusqu’au spectaculaire, terriblement drôles comme l’intitulé « ballet bouffe » le suggère, elles réussissent à illustrer toutes les vicissitudes du couple. En jouant de l’inversion des rôles entre femmes et hommes, elles n’ont rien perdu d’actualité sur la confusion des genres. On ne peut s’empêcher de penser en voyant ces réjouissances imaginées à la fin du siècle dernier, que nous sommes aujourd’hui beaucoup plus graves qu’alors pour évoquer les sujets de société.
D’une partition qu’il connaît comme sa poche, Marc Minkowski tire des couleurs à foison. Son interprétation devenue melliflue s’appuie sur un orchestre au sommet. Les Musiciens du Louvre ont gagné en cohésion et aussi en matière, ce qui est parfait pour cette œuvre définitivement ancrée dans la terre et l’eau. Les flûtes enchantent nombre de numéros, dont le merveilleux air de Clarine, Soleil, fuis ces lieux, où elles enlacent la voix de l’agile Tamara Bounazou. La substitution des forces enthousiastes de l’Opéra de Paris aux chœurs des Musiciens du Louvre s’entend tant dans la diction que dans la précision : on mesure l’effort d’adaptation que cela a dû nécessiter.
Pour Lawrence Brownlee qui a courageusement quitté son répertoire d’élection pour incarner la Nymphe, le résultat est confondant : un Français très honorable, une projection que n’ont pas toujours eu ses formidables devanciers au Palais Garnier. Sa Platée n’atteint cependant pas encore les subtilités et surtout l’émotion qu’y mettait jadis Paul Agnew. Ses partenaires forment un solide plateau. Excellente idée que d’avoir confié Mercure à Reinoud Van Mechelen qui trouve ici un emploi incisif.
Julie Fuchs réitère avec succès sa Folie très grisette. Marc Mauillon au style incomparable donne le plus impayable et folasse des Momus. Plus fragile qu’à l’accoutumée, Mathias Vidal émeut en Thespis, alors que le bien chantant Nahuel di Pierro fait un Cithéron un peu réservé. Le bon Jupiter amusé de Jean Teitgen et la présence débordante de la Junon d’Adriana Bignani Lesca finissent de porter au succès cette reprise à ne pas manquer.
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Palais Garnier, Paris Le 21/06/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise de Platée de Rameau dans la mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Marc Minkowski à l’Opéra national de Paris. | Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Platée, comédie lyrique en un prologue et trois actes (1745)
Livret d’Adrien-Joseph Le Valois d’Orville d’après Jacques Autreau
Chœurs de l’Opéra national de Paris
Les Musiciens du Louvre
direction : Marc Minkowski
mise en scène et costumes : Laurent Pelly
décors : Chantal Thomas
dramaturgie : Agathe MĂ©linand
lumières : Joël Adam
chorégraphie : Laura Scozzi
chef des chœurs : Ching-Lien Wu
Avec :
Lawrence Brownlee (Platée), Mathias Vidal (Thespis), Nahuel di Pierro (un satyre / Cithéron), Marc Mauillon (Momus), Julie Fuchs (Thalie / La Folie), Jean Teitgen (Jupiter), Reinoud Van Mechelen (Mercure), Tamara Bounazou (L’Amour / Clarine), et Adriana Bignagni Lesca (Junon). | |
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