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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Reprise des Troyens de Berlioz dans la mise en scène de Christophe Honoré, sous la direction de Danièle Rustioni au festival de Munich 2022.

Munich 2022 (1) :
Chair triste

© Wilfried Hösl

La mise en scène peu lisible et peu musicale de Christophe Honoré met en état de faiblesse extrême cette production des Troyens. La direction agitée de Daniele Rustioni distrait à défaut d’atteindre tout l’ambitus poétique de cette partition utopiste. Un français laborieux handicape la majorité du plateau. Stéphane Degout et Gregory Kunde sauvent la soirée.
 

Nationaltheater, München
Le 06/07/2022
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Le principal reproche que l’on peut faire à Christophe Honoré et à ses collaborateurs est que leur travail touche à l’invisibilité. Pour la prise de Troie, le décor constitué d’un plateau de marbre disjoint évoque un assaut dans une ambiance crépusculaire. D’élégantes et trop discrètes lumières rendent imperceptibles les expressions des chanteurs.

    La marche des Troyens se résume à l’installation d’un groupe de seaux emplis de fleurs colorées qui occupe tout le centre du plateau tel l’étalage d’un fleuriste de marché. L’arrivée du Cheval se réduit à un néon écrivant le nom de l’animal en allemand en fond de scène, comme si le metteur en scène refusait de se saisir des morceaux de bravoure qui sont d’ordinaire autant d’atouts pour une soirée réussie.

    Curieusement, et tant mieux pour l’excellent Stéphane Degout, seul Chorèbe a droit à un costume flamboyant évoquant ces héros légendaires, avec un drapé rappelant ceux des fresques de Tiepolo. Enfin, le sommet tragique du suicide collectif des Troyennes n’émeut pas en raison d’une direction d’acteur approximative. De blanc, le décor devient gris, celui d’un béton brut figurant les abords d’une piscine à Carthage, autour de laquelle sont nonchalamment installés des hommes nus. L’ennui exsude de tous les tableaux qui suivent.

    Dans la torpeur, hommes troyens et carthaginois se lèvent et quittent le solarium. Mais de grands écrans révèlent leurs ébats autour d’un lit unique selon les codes d’une pornographie soft et ringarde. Si l’intérêt d’Honoré se porte sur les hommes et la guerre, il ferait mieux de se pencher sur la Lysistrata d’Aristophane, autrement pertinente. Cette scène incongrue souligne surtout son manque d’écoute de la musique de l’orage et chasse royale. La plate illustration du sublime duo entre Énée et Didon le confirme : lorsque le futur fondateur de Rome quitte son amoureuse pour l’Italie, elle lui jettera ses savates. Absence de souffle épique, représentation dérisoire de ces demi-dieux, le compte n’y est pas.
    ¬
    À cette morne production s’oppose une extrême animation dans la fosse. Daniele Rustioni fait feu de tout bois, en une surenchère permanente qui a au moins le mérite de distraire et de couvrir le bruit des spectateurs quittant la salle au IV. Néanmoins on admire des couleurs pompières parfois en situation, surtout à Troie. Jamais la clarinette figurant Andromaque n’a été si brillamment bavarde. Les chœurs atteignent également une belle expressivité. ¬À Carthage, les archaïsmes subtilement utilisés par Berlioz sont un peu écrasés par un traitement aussi vigoureux.

    Toutefois cette direction a aussi le mérite de communiquer le feu au plateau. Hélas, les chanteurs, en dépit de leur qualités respectives, n’ont pour la plupart pas la force du mot qui est essentielle à cette pièce. Le Français approximatif de l’impétueuse Didon d’Ekaterina Semenchuk annihile une partie de ses atours. On relève les belles présences de l’Ascagne d’Ève Maud Hubeaux et du Narbal de Bálint Szabó, mais l’Anna de Lindsay Amman possède autant de voix différentes que de répliques. Chez les valeureux remplaçants, si Jennifer Holloway donne une prestation très méritante en Cassandre, l’Énée de Gregory Kunde épate par sa fraîcheur, son français et son style. Certes le ténor qui a chanté la veille Otello est parfois obligé de forcer mais son incarnation est un véritable baume.




    Nationaltheater, München
    Le 06/07/2022
    Thomas DESCHAMPS

    Reprise des Troyens de Berlioz dans la mise en scène de Christophe Honoré, sous la direction de Danièle Rustioni au festival de Munich 2022.
    Hector Berlioz (1803-1869)
    Les Troyens, opéra en cinq actes (1858)
    Livret du compositeur inspiré de l’Énéide de Virgile

    Chœurs de l’Opéra National de Bavière
    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Daniele Rustioni
    mise en scène : Christophe Honoré
    décors : Katrin Lea Tag
    costumes : Olivier Bériot
    éclairages : Dominique Bruguière
    film : Comité à Paris
    préparation des chœurs : Stellario Fagone

    Avec :
    Jennifer Holloway (Cassandre), Émilie Sierra (Hécube), Ève Maud Hubeaux (Ascagne), Ekaterina Semenchuk (Didon), Lindsay Amman (Anna), Daniel Noyola (soldat troyen, général grec), Stéphane Degout (Chorèbe), Chao Deng (Priam), Armando Elizondo (Hélénus), Gregory Kunde (Énée), Sam Carl (Panthée), Roman Khabaranok (L'ombre d'Hector), Bálint Szabó (Narbal), Martin Mitterrutzner (Iopas), Andrew Hamilton (Mercure), Jonas Hacker (Hylas), Theodore Platt (premier soldat troyen), Andrew Gilstrap (deuxième soldat troyen).

     


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