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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Spanisches Liederbuch de Wolf par la soprano Julia Kleiter et le baryton Christian Gerhaher, accompagnés au piano par Ammiel Bushakevitz au festival de Munich 2022.

Munich 2022 (3)
L’Espagne en trio

© Wilfried Hösl

Le très rarement joué Spanisches Liederbuch ouvre un mini-festival Wolf par Christian Gerhaher et ses amis au sein du festival d’opéra de Munich. Quelques réserves, notamment sur l’accompagnement pianistique, n’atteignent pas une soirée généreuse où se conjuguent poésie et musique. Les micros de la radio bavaroise font espérer une publication.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 08/07/2022
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Respiration intimiste durant le festival d’opĂ©ra de Munich, le Projet Wolf du baryton Christian Gerhaher consiste en trois soirĂ©es dĂ©volues Ă  l’univers du compositeur nĂ© sur le sol slovène. Pour ce premier Liederabend, le chanteur convie Julia Kleiter Ă  se joindre Ă  lui pour le cycle du Livre espagnol regroupant mĂ©lodies populaires et poèmes traduits par Emanuel Geibel et Paul Heyse.

    Si le premier cahier contenant la part spirituelle est chanté en première partie tandis que les chants profanes le sont en deuxième et troisième parties du récital, les Lieder sont présentés en ordre dispersé. Tout en gardant des regroupements, ce choix de ne pas suivre l’ordre de l’édition a l’indéniable avantage d’éviter les ensembles disproportionnés réservés à la soprano. La plus grande alternance entre les tessitures apporte davantage de contrastes, d’autant que les deux chanteurs n’abordent pas le monde de Wolf de la même manière.

    Voix chaleureuse et lumineuse, Julia Kleiter s’investit beaucoup dans les mélodies sacrées, au point de fleurer avec un style opératique, plus extérieur que fervent. En revanche l’humour de certains Lieder profanes lui convient à merveille : elle incarne irrésistiblement la jeune fille qui se moque d’un séducteur à la manque (Sagt, seid Ihr es, feiner Herr). Le registre plus mélancolique la voit moins à l’aise, hésitant entre distanciation ou, au contraire, surjeu. Partout, la voix est bien assise, sans aucune crispation – une vraie gageure dans ce répertoire difficile. L’intonation n’est jamais mise en défaut, pur diamant dans Bedeckt mich mit Blumen. La recherche permanente de beauté plastique conduit souvent la soprano à des élisions en fin de phrase.


    De son côté, jamais Christian Gerhaher ne sacrifie à la ligne. Il observe scrupuleusement ce credo wolfien qui est l’adéquation voire la fusion entre le chant et le poème. Cet art consommé a l’apparence d’un naturel confondant. Le baryton semble prier spontanément, puis vivre douloureusement ses amours. L’accentuation d’un mot suffit à ouvrir un gouffre, tel ce Schmach (honte) dans Nun bin ich dein, ou ce mélisme incroyable sur les éclairs qui frappent celui qui appelle la mort (Komm, o Tod). Gerhaher n’hésite pas de temps à autre à se mettre en danger. Liberté suprême de l’artiste qui ne fait plus qu’un avec la poésie, qui semble créer la musique devant nous.

    Leur partenaire aurait dû être le pianiste fidèle de Christian Gerhaher, Gerold Huber. La maladie l’en a empêché. Ammiel Bushakevitz a rejoint le projet quelques semaines avant ce premier concert. Il apporte une belle lisibilité à l’ensemble, une attention aux chanteurs. Dans les Lieder où l’Espagne sent la castagnette, il ne force pas trop le trait, croquant avec légèreté le pittoresque. De même, l’humour demandé ici et là ne sonne jamais de manière forcée. C’est beaucoup mais cela ne dépasse pas l’accompagnement. L’idéal d’une indissociabilité entre chanteurs et pianiste reste ici à atteindre.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 08/07/2022
    Thomas DESCHAMPS

    Spanisches Liederbuch de Wolf par la soprano Julia Kleiter et le baryton Christian Gerhaher, accompagnés au piano par Ammiel Bushakevitz au festival de Munich 2022.
    Hugo Wolf (1860-1903)
    Spanisches Liederbuch (1889-1890)
    Julia Kleiter, soprano
    Christian Gerhaher, baryton
    Ammiel Bushakevitz, piano

     


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