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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Récital « À Marcel Proust » du pianiste Pavel Kolesnikov dans le cadre du festival de La Roque-d’Anthéron 2022.
La Roque 2022 (7) :
Proust perturbé
Dans un programme de salon inspiré par la figure de Marcel Proust, Pavel Kolesnikov déploie son art à l’Auditorium du Parc par l’entremêlement de pièces de Schubert, Couperin, Fauré, Hahn et Franck, où la Sonate pour piano D. 894 débutée en introduction et achevée en fin de concert est mise en regard avec les autres œuvres jouées.
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Particulièrement à la mode, Proust est parfois prétexte à programmes de concerts, à l’image de celui de Pavel Kolesnikov à la Roque-d’Anthéron, pour lequel l’horaire correspond mieux que le lieu à une proposition de musique de salon. Schubert ouvre donc la soirée d’extérieur à l’Auditorium du Parc, mais avec seulement le premier mouvement de sa Sonate D. 894, portant le numéro 20 pour l’occasion, bien que souvent connue sous le n° 18 op.78.
Très fluide sous le doigté du pianiste russe, le Molto moderato e cantabile est immédiatement enchaîné par le Prélude n° 4 en sol mineur de Couperin, quelque peu déstabilisant pour l’auditeur, qui ne serait pas encore rentré dans le concept du récital. Heureusement, Reynaldo Hahn est là pour aider, magnifiquement joué grâce à ses pièces pétillantes, rarement programmées car difficiles à placer dans un récital classique, malgré la jolie qualité des extraits du Rossignol éperdu – dont Narghilé – et des Premières Valses : Ninette, Valse noble et La Feuille.
Pour entrecouper ce parcours, jamais applaudi avant la fin de la première partie, l’Atzenbrugger Tanz n°30 D 365 de Schubert revient à trois reprises, d’abord vive, puis plus contenue dans le da capo et enfin contemplative à sa troisième occurrence. Entre-temps est aussi jouée la Valse en si mineur n°6 D 145 du compositeur viennois, encore remis à l’honneur en toute fin de soirée avec la fin de sa Sonate-Fantaisie.
Un rapide passage par Fauré (Nocturne n° 12 op. 107) puis un retour à Couperin (Sarabande de la Suite en la mineur n° 110) clôt la première partie, quand la seconde reprend avec un Prélude, Choral et Fugue de César Franck, dont la superbe ne pèche que par un incroyable trou de mémoire du pianiste, sans partition pendant tout le concert.
En pleine montée du choral, alors que la main droite sert de pivot pendant que la gauche débute sur la partie aiguë pour conclure le court motif répété de l’autre côté, Kolesnikov se met à chercher la suite, et donc à réadapter ce court thème, jusqu’à reprendre dès le début de la montée ! À nouveau bloqué, il s’arrête un court instant, puis parvient à se reconcentrer pour passer à la suite, et finalement développer somptueusement la Fugue.
Tout de même perturbé en fin d’ouvrage, le russe s’interrompt quelques secondes afin de se laisser applaudir, pour servir le reste de son récital par un dernier extrait du Rossignol éperdu - Ouranos –, toujours aussi agréable à écouter, même dans ce grand salon d’extérieur sans verre de champagne à la main. Puis la sonate précitée achève le programme, avant que Debussy n’apparaisse enfin avec La Cathédrale engloutie, en bis.
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Auditorium du Parc, La Roque-d'Anthéron Le 04/08/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Récital « À Marcel Proust » du pianiste Pavel Kolesnikov dans le cadre du festival de La Roque-d’Anthéron 2022. | Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano n° 18 en sol majeur op. 78 D 894
Atzenbrugger Tanz n° 30 D 365
Valse en si mineur n°6 D 145
Reynaldo Hahn (1874-1947)
Le Rossignol éperdu (Les deux écharpes, Narghilé, Ouranos)
Premières valses, extraits
CĂ©sar Franck (1822-1890)
Prélude, Choral et Fugue
François Couperin (1668-1733)
Prélude n° 4 en sol mineur
Suite en la mineur n° 110 (Sarabande)
Pavel Kolesnikov, piano | |
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