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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 octobre 2024 |
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Concert du Philharmonique de Vienne sous la direction d’Esa-Pekka Salonen avec la participation de la pianiste Yuja Wang au festival de Salzbourg 2022.
Salzbourg 2022 (7) :
Sans foi ni joie
Diptyque amoureux autour de Wagner et Messiaen où l’on espérait plus de sauvagerie d’un Philharmonique de Vienne tout en rondeurs. Salonen souvent brutal dans la Turangalîla est ici bonhomme, amortissant la joie tapageuse de Messiaen après un Prélude et Liebestod à la construction hasardeuse. Déception, sauf à se contenter de sonorités somptueuses.
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Dès les premières mesures de Tristan, le ton est donné : cordes chatoyantes, vents moirés, qualités de timbre exceptionnelles. Mais un cor mordoré, un hautbois mélancolique, une clarinette basse transparente, un cor anglais déchirant ne sont pas tout dans des musiques aussi exigeantes que Wagner ou Messiaen : il y est aussi besoin de rigueur de la construction.
C’est là que le bât blesse, en ce double anniversaire discret des trente ans de la mort d’Olivier Messiaen et des débuts de Gerard Mortier à Salzbourg. D’abord parce que le programme demeure modeste – le Messiaen le plus « facile » qui soit, et même pas la Trilogie de Tristan en entier – ; ensuite parce que Salonen effleure seulement ces deux œuvres majeures.
Déjà ce Wagner légèrement scandé, perdu entre flou rythmique et lame de fond flageolante, dont, passé un superbe aboutissement du Prélude, le climax alangui de la Mort d’Isolde peine à culminer, s’essouffle à n’être que beauté sonore sans ligne de crête : l’apogée ne s’y déploie pas assez pour que l’apaisement final y trouve un quelconque naturel, et l’enchaînement précipité avec la Turangalîla (par crainte d’applaudissements ?) enfonce le clou.
Messiaen commence brouillon, et cette partition de pure clarté sera trop souvent noyée dans l’imprécision agogique et les doublures fluides de l’élégante esthétique viennoise. Peu ou pas d’angles, des cymbales engluées, des percussions délicates sans nerf, des fins de notes – jusque dans les accords les plus critiques ; le dernier par exemple – toujours laissées a volo à la souplesse spontanée de l’orchestre : voilà la mort de l’exaltation primitive d’une œuvre tournée vers une joie sauvage, ici paisiblement civilisée.
Plus probe que probe, et à l’image du thème-statue régulièrement absorbé dans la masse, l’onde Martenot de Cécile Lartigau s’égare dans la discrétion, happée par un pupitre de violons si suave que son vibrato discret, sa nuance réservée et sa crainte du geste lent n’émergent qu’à peine par la couleur plus que par le phrasé ; non sans délicatesse. La soliste abandonnera d’ailleurs humblement son bouquet au pupitre de violons.
Yuja Wang fera de même, apparemment à peine échauffée par l’exercice et attendant d’avoir enchaîné quelques concertos de plus pour mériter ses fleurs, diabolique boîte à musique radiographiant la partition à la perfection mais sans plus de couleurs (ou d’étoffe) que sa robe en lamé rouge.
Si la robe est courte, les idées de Salonen ne semblent guère plus longues sur la Turangalîla, où il ne trouve ni la juste rythmicité, ni le ton, ni surtout la joie. Restent les sonorités merveilleuses, une flûte de rêve dans le Jardin du sommeil d’amour, de fabuleux relais onde-clarinette dans Turangalîla I, des contrebasses souveraines. Mais il manque la joie… la joie parfaite.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 28/08/2022 Thomas COUBRONNE |
| Concert du Philharmonique de Vienne sous la direction d’Esa-Pekka Salonen avec la participation de la pianiste Yuja Wang au festival de Salzbourg 2022. | Richard Wagner (1813-1883)
Prélude et Mort d’Isolde (Tristan et Isolde) (1859)
Olivier Messiaen (1908-1992)
Turangalîla-Symphonie (1949)
CĂ©cile Lartigau, ondes Martenot
Yuja Wang, piano
Wiener Philharmoniker
direction : Esa-Pekka Salonen | |
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