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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Nouvelle production de L’Or du Rhin de Wagner dans une mise en scène de Valentin Schwarz et sous la direction de Cornelius Meister au Festival de Bayreuth 2022.
Ring Bayreuth 2022 (1) :
Un obscur objet de désir
Ajournée pour cause de crise sanitaire en 2020, la nouvelle production du Ring mise en scène par Valentin Schwarz voit enfin le jour au Festival de Bayreuth. Un accouchement dans la douleur puisque le chef Cornelius Meister, contraint à quitter la fosse de Tristan, a dû remplacer à la dernière minute Pietari Inkinen victime de la malédiction du Covid.
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Lutte des classes
Petits bonheurs au purgatoire
Folle Ă©quipe
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Ce nouveau Ring de Bayreuth déroule le fil dramaturgique d'une transposition qui fait du monde des dieux celui des puissants et des possédants qui occupe au quotidien notre espace médiatique. Monté à la manière d'une série télé, la production cherche à dynamiter et dynamiser le mythe pour lui substituer les péripéties conflictuelles d'une famille en quête de pouvoir et de domination.
Rheingold met à jour le potentiel et les faiblesses de cette option, notamment dès la vidéo préliminaire montrant les fœtus Wotan et Alberich dans une seule et même poche amniotique – idée intéressante mais inaboutie puisque rien n'explique la bonne fortune de l'un et la déchéance de l'autre. Les symboles narratifs sont systématiquement gommés mais pas toujours remplacés de façon claire et signifiante comme le vol de l'or sous la forme d'un rapt d'enfant (qu'on devine être le golden boy et futur héritier de l'empire Wotan).
Point de Nibelheim également, mais un atelier de fillettes dessinant des masques de Wotan sous la houlette de Mime. Les fameuses transformations cèdent la place à un jeu assez plat dont l'intérêt est de substituer son arme à Alberich et le ramener dans le loft classieux où les dieux règnent en parvenus oisifs et désabusés. Ni les Géants en malfrats, ni Freia en maniaco-dépressive suicidaire, ni Donner troquant son marteau contre un club de golf ne peuvent prétendre au statut de bon et solide concept, capable de faire tenir tout l'ensemble d'un bout à l'autre.
Au fouillis des idées répond une distribution alternant les bonnes surprises (la Fricka voluptueuse et bien projetée de Christa Mayer, l'Alberich sarcastique et contrasté de Ólafur Sigurdarson, le Loge fulgurant de Daniel Kirch) avec les déceptions (un Wotan trop terne et irrégulier d’Egils Silins, un Mime raide et dévissant dans les aigus signé Arnold Bezuyen).
Jens-Erik Aasbø (Fasolt) et Wilhelm Schwinghammer (Fafner) ne forcent pas leur talent, à l'égal du couple Donner-Froh campé par Raimund Nolte et Attilio Glaser. Des Filles du Rhin émerge la Wellgunde de Stephanie Houtzeel, peu relayée par une Woglinde (Lea-ann Dunbar) et Floßhilde (Katie Stevenson) exagérément vibrées. En revanche, Elisabeth Teige donne à Freia une ampleur souveraine tandis que Okka von der Damerau emporte la palme de la soirée avec une Erda capiteuse et exceptionnelle.
Dans la fosse, Cornelius Meister dirige avec application mais non sans tunnels d'ennui et l'impression générale d'un flou dans les contrastes et les lignes. Les tempos trop retenus empêchent l'action de progresser, laissant à l'issue de ce Prologue un sentiment brouillon et inabouti qui jamais ne prend le relai d'une scénographie elle-même trop peu lisible.
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Festspielhaus, Bayreuth Le 25/08/2022 David VERDIER |
| Nouvelle production de L’Or du Rhin de Wagner dans une mise en scène de Valentin Schwarz et sous la direction de Cornelius Meister au Festival de Bayreuth 2022. | Richard Wagner (1813-1883)
Das Rheingold, prologue en quatre scènes au festival scénique Der Ring des Nibelungen (1869)
Livret du compositeur
Orchester der Bayreuther Festspiele
direction : Cornelius Meister
mise en scène : Valentin Schwarz
décors : Andrea Cozzi
costumes : Andy Besuch
Ă©clairages : Reinhard Traub
vidéo : Luis August Krawen
Avec :
Egils Silins (Wotan), Raimund Nolte (Donner), Attilio Glaser (Froh), Daniel Kirch (Loge), Christa Mayer (Fricka), Elisabeth Teige (Freia), Okka von der Damerau (Erda), Ólafur Sigurdarson (Alberich), Arnold Bezuyen (Mime), Jens-Erik Aasbø (Fasolt), Wilhelm Schwinghammer (Fafner), Lea-ann Dunbar (Woglinde), Stephanie Houtzeel (Wellgunde), Katie Stevenson (Floßhilde). | |
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