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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Philadelphie sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris.
Fortunes diverses
Le second programme de l’Orchestre de Philadelphie restera en mémoire pour un Poème pour violon de Chausson sublime où Lisa Batiashvili trouve l’accord parfait avec la direction de Yannick Nézet-Séguin. En revanche, une utilisation grandiloquente des fabuleuses ressources de l’orchestre déçoit fortement dans la Septième Symphonie de Dvořák.
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Véritable jardin de Klingsor, le Concerto pour violon n° 1 de Szymanowski appelle une musicalité efflorescente. La violoniste géorgienne Lisa Batiashvili y met toute son énergie dans une expression quasi-éruptive. Ses phrasés trahissent quelques raideurs, mais la prestation est impressionnante et culmine dans la cadence finale. L’enchassant avec une débauche de couleurs, Yannick Nézet-Séguin fait fi de l’économie de texture choisie par le compositeur. Sa conception intense n’a pas la transparence attendue mais s’assortit parfaitement avec la soliste. Les mélismes de ces pages perdent quelques subtilités au passage.
L’accord violon-orchestre se poursuit avec le Poème de Chausson mais aboutit cette fois à un petit miracle interprétatif. Dès l’introduction, la respiration frappe par sa justesse. Batiashvili semble beaucoup plus familière de l’œuvre. Cela se traduit par un épanouissement de sa sonorité. Nézet-Séguin maintient l’orchestre dans des teintes automnales et sert magnifiquement l’écriture en sfumato de Chausson. Le même soin et la même délicatesse ne se retrouvent absolument pas dans la seconde partie du concert.
Yannick Nézet-Séguin attaque bille en tête la Symphonie n° 7 de Dvořák avec une expressivité qui sonne forcée. L’impression sonore est celle d’un surlignage permanent qui noie les contrechants tandis que l’indulgence rythmique fait perdre une partie des saveurs de la symphonie. Quelques passages retenus dans le Poco adagio font entrevoir les sonorités de rêve des pupitres de cordes de l’orchestre qui partout ailleurs sont écrasées dans une emphase peut-être sensationnelle, grandiloquente certainement.
La Prière pour l’Ukraine de Valentin Silvestrov donnée en premier bis sonne dépassionnée, curieusement peu fervente. Retour à l’épate approximative avec la Danse hongroise n° 21 de Brahms qui clôt le concert à la suite duquel les insignes d’officier des Arts et des lettres ont été remis par Laurent Bayle à l’extraverti chef d’orchestre.
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Philharmonie, Paris Le 07/09/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Philadelphie sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec le concours de la violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris. | Karol Szymanowski (1882-1937)
Concerto pour violon n° 1 (1916)
Ernest Chausson (1855-1899)
Poème pour violon (1892-1896)
Lisa Batiashvili, violon
AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Symphonie n° 7 (1884-1885)
The Philadelphia Orchestra
direction : Yannick NĂ©zet-SĂ©guin | |
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