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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Esa-Pekka Salonen avec le concours de la soprano Axelle Fayo, de la mezzo-soprano Fleur Barron, du pianiste Bertrand Chamayou et de l’ondiste Nathalie Forget à la Philharmonie de Paris.
Le millefeuille de l’amour
Pour son deuxième programme de rentrée, l’Orchestre de Paris poursuit généreusement en offrant deux pièces rares de Debussy et Ligeti avant la symphonie monde de Messiaen. Des musiques délicatement composées qui trouvent sous la baguette de Salonen la sensualité requise. L’énorme Turangalîla impose avec clarté son architecture délirante jusqu’à sa coda écrasante.
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Alors que beaucoup de chefs se contentent de présenter la Turangalîla-Symphonie d’Olivier Messiaen comme un plat unique qui se suffit à lui-même, Esa-Pekka Salonen cherche toujours à lui adjoindre des en-cas. Ce soir, deux entrées exquises qui aiguisent les sens sans concurrencer les arômes puissants de Messiaen, avec tout d’abord les volutes préraphaélites de La Damoiselle élue de Claude Debussy.
De l’orchestre diaphane aux chœurs à l’excellente diction, les forces réunies trouvent sous la baguette fluide, le ton juste de cette musique sensuelle. Tout juste peut-on regretter que les belles voix des solistes placées à l’avant-scène ne se perdent dans la réverbération. Les Clocks and Clouds de György Ligeti sonnent plus acidulés même si Salonen les dirige d’une manière plus adoucie que le regretté Reinbert de Leeuw. Avec le concours de douze voix de femmes du chœur Accentus, il trouve à ce mouvement polyphonique et polyrythmique une précision diabolique. L’humour n’est pas en reste dans cette interprétation avec des onomatopées malicieusement énoncées.
Serge Koussevitzky, en passant commande à Olivier Messiaen, lui laissa carte blanche. Les clés de la cuisine en quelque sorte. Le compositeur en profita pleinement et utilisa une foultitude d’ingrédients. Le résultat, la Turangalîla-Symphonie, peut se comparer à un millefeuille musical comme l’explique Salonen dans une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. La principale difficulté est alors de faire entendre les différentes couches en même temps.
Si d’autres interprètes recherchent davantage le lyrisme dans cette musique, le Finlandais s’attache d’abord à la lisibilité, une gageure vu le nombre de couches. Et de fait les équilibres entre les différents pupitres d’un Orchestre de Paris en transe forcent l’admiration. La clarté des rythmes et des articulations n’empêche pas l’abandon dans les passages rêveurs ou simplement tendres.
Nathalie Forget aux ondes Martenot s’intègre dans ce tapis sonore avec toute la présence rayonnante attendue. Enfin, l’engagement furieux et pourtant joueur du piano de bronze de Bertrand Chamayou n’est pas le moindre atout de cette recette très réussie.
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Philharmonie, Paris Le 15/09/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Esa-Pekka Salonen avec le concours de la soprano Axelle Fayo, de la mezzo-soprano Fleur Barron, du pianiste Bertrand Chamayou et de l’ondiste Nathalie Forget à la Philharmonie de Paris. | Claude Debussy (1862-1918)
La Damoiselle Ă©lue (1887-1888)
Axelle Fanyo, soprano
Fleur Baron, mezzo-soprano
Accentus
Chœur de l’Orchestre de Paris
Chœur des jeunes de l’Orchestre de Paris
György Ligeti (1923-2006)
Clocks and Clouds (1972-1973)
Olivier Messiaen (1908-1992)
Turangalîla-Symphonie (1946-1948)
Bertrand Chamayou, piano
Nathalie Forget, ondes Martenot
Orchestre de Paris
direction : Esa-Pekka Salonen | |
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