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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Symphonie n° 9 de Mahler par l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Gustavo Dudamel à la Philharmonie de Paris.
Adieu au soleil
De la Neuvième de Mahler avec Gustavo Dudamel et son Orchestre de l’Opéra, on retiendra une perfection technique inouïe chez un orchestre de fosse, le respect du caractère français des timbres de la formation, jamais alourdis, et enfin une conception solaire, intériorisée et intellectualisée, loin des tourments propres à l’œuvre, qui fascine.
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Gustavo Dudamel n’est pas le premier à emmener l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sur les rives escarpées de la Neuvième Symphonie de Mahler. Son prédécesseur, Philippe Jordan, la présenta lui aussi avec succès dans cette même salle Pierre Boulez en novembre 2016. Le chef vénézuélien pratique cette partition depuis au moins dix années. L’expérience, valeur cardinale pour jouer cette musique, est donc au rendez-vous ce soir, ce qui explique en partie le résultat, confondant de maîtrise.
Dès les premières mesures de l’Andante comodo, le respect textuel des nuances dynamiques est impressionnant, là où tant d’orchestres jouent immédiatement trop fort. Pour ce mouvement, le plus délicat techniquement de la symphonie, Dudamel, qui dirige sans partition, lisse légèrement les contrastes de tempos mais on lui sait gré d’amener les musiciens à bon port, là encore où tant d’interprétations faillissent en concert. Le deuxième mouvement amène plus d’expressivité sans verser dans la lourdeur. Un Ländler plein de saveurs mais à l’élégance fort raffinée, toute française, où le dosage des sonorités force l’admiration. Toutefois, c’est avec le Rondo burleske que le concert bascule vraiment.
Un lyrisme solaire entre en jeu. La gestique du chef se fait plus ample, plus déliée et aussitôt la sonorité de son formidable instrument collectif rayonne encore davantage. Pour autant, les proportions demeurent d’une grande justesse, la balance interne équilibrée. Le passage en ré majeur devient irradiant. On admire l’engagement sans faille des pupitres de vents, incisifs, jamais lourds. L’Adagio final voit tout naturellement le triomphe des cordes legato. Et parmi les solistes, il est impossible de ne pas citer le violoncelle étreignant d’Aurélien Sabouret, qui suspend le temps qui passe.
La respiration se fait élégiaque, entrecoupée d’accents déchirants qui sont d’autant de portes franchies vers l’évanouissement final des accords pppp, trouvant dans la salle un silence attentif pour cet adieu au soleil.
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Philharmonie, Paris Le 16/09/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Symphonie n° 9 de Mahler par l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Gustavo Dudamel à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 9 (1909-19010)
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Gustavo Dudamel | |
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