Il faudra bien réviser sa saga Star Wars avant de se rendre à l'Opéra de Lyon pour le TannhÀuser que met en scÚne David Hermann. Si l'esthétique générale s'inscrit une perspective volontairement futuriste, les références ne font pas toujours mouche dans cette histoire de rédemption et d'affrontement entre amour charnel et amour courtois.

Le Venusberg est dĂ©placĂ© dans un univers de femmes androĂŻdes dont la vidĂ©o nous dĂ©taille la construction, avec une allusion directe au Metropolis de Fritz Lang. Difficile d'imaginer une relation torride avec cette VĂ©nus Ă  qui TannhĂ€user lit ses poĂšmes. Les retrouvailles du chevalier avec la Wartburg ont lieu dans un dĂ©sert Ă  la Mad Max, reflĂ©tĂ© par l'impressionnant dĂ©cor en forme de miroir gĂ©ant qui domine Ă  l'arriĂšre-scĂšne. En revanche, le concours de chant manque cruellement d'originalitĂ© avec un chƓur sur gradins tenu Ă  distance des protagonistes par de curieuses barriĂšres de protection.

Elisabeth croise dans le dĂ©sert la longue file fantomatique des pĂšlerins de retour de Rome. Constatant l'absence de son bien-aimĂ©, elle va elle-mĂȘme Ă  la rencontre des androĂŻdes du Venusberg tandis que TannhĂ€user rejoue devant Wolfram sa confrontation avec un pape aux allures de l'empereur Darth Sidious. Elisabeth rĂ©apparaĂźt in fine, en compagnie de VĂ©nus pour une scĂšne de rĂ©conciliation ƓcumĂ©nique oĂč les deux femmes distribuent Ă  la foule les sabres laser qui ont fait le succĂšs des films.

Le plateau est dominé par Stephen Gould, qui remplaçait Simon O'Neill initialement prévu. La voix est en bien meilleure forme qu'à Bayreuth cet été, capable de phraser avec une puissance remarquable malgré des tensions audibles dans l'aigu. La Vénus d'Irene Roberts est impressionnante d'autorité et de projection, avec une densité dans la couleur qui promet de bien belles choses dans l'avenir.

Elle est suivie de prĂšs par Johanni van Oostrum, Elisabeth dont la ligne brillante et solide offre au personnage une carrure de premier plan. Robert Lewis (Walther) et Pete Thanapat (Biterolf) font belle impression lĂ  oĂč le Wolfram bien phrasĂ© de Christoph Pohl manque sensiblement de surface et de contraste. Le Landgrave de Liang Li impressionne par la rĂ©sonance et l'ampleur de la projection, avec Giulia Scopelliti trĂšs Ă©lĂ©gante dans le rĂŽle du PĂątre.

Le chƓur rĂ©glĂ© par Benedict Kearns joue la carte de la puissance et de la couleur, avec au III quelques faiblesses dans l’intonation et l'homogĂ©nĂ©itĂ©. La fosse est dirigĂ©e avec brio par le directeur musical Daniele Rustioni qui fait ses grands dĂ©buts dans un opĂ©ra de Wagner. On retrouve ici ses qualitĂ©s de transparence et de chant. La battue s'attache Ă  privilĂ©gier une couleur et une libertĂ© dans la ligne qui peut parfois manquer d'impact et de poids quand il s'agit de faire entendre la structure comme dans les prĂ©ludes des actes impairs.