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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Reprise de La Force du destin de Verdi dans la mise en scène de Jean-Claude Avray, sous la direction de Jader Bignamini à l’Opéra national de Paris.
Le destin de la madone
Suite de tableaux sans dramaturgie, la mise en scène de Jean-Claude Auvray laisse le champ libre pour les chanteurs. D’une distribution inégale se dégagent la présence irradiante d’Anna Netrebko, le style de Ludovic Tézier et la truculence luxueuse de Nicola Alaimo. La direction de Jader Bignamini privilégie la ligne aux dépens des ressorts de l’opéra.
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Emblématique des années Nicolas Joel, la mise en scène de Jean-Claude Auvray se réduit à une scénographie à la réussite variable : élégante et atmosphérique au monastère de la Madone-des-Anges, triviale voire ridicule à l’évocation des champs de bataille. La révérence aux didascalies et l’absence d’une direction d’acteur individualisée en sont les vecteurs communs, ce qui n’aide pas à rendre convaincante la dramaturgie tortueuse de l’œuvre. Mais depuis 1862, La Force du destin c’est une succession de numéros où peuvent briller les meilleurs chanteurs. Ce soir, l’événement réside dans la présence d’Anna Netrebko dont ce n’est que le cinquième rôle à l’Opéra de Paris.
Dans la plénitude de ses moyens, la Russe a déployé de manière somptueuse la plastique vocale qui a fait sa réputation. La voix paraît à présent plus ancrée que jamais dans le bas-médium, ce qui renforce l’impression de plénitude. L’intonation reste parfois flottante mais la soprano parvient sans aucune difficulté apparente à chanter pianissimo à l’instar de son Pace, pace dont la dernière partie atteint une radiance à la douceur ensorcelante.
Face à elle, l’Alvaro du jeune Russell Thomas n’atteint pas le même cantabile. Si le registre aigu est lumineux, le passage sonne rugueux et l’absence de legato l’empêche de suivre l’exemple éloquent de la clarinette dans O tu che in seno agli angeli. Ce style athlétique est davantage en situation au dernier acte, ce qui permet enfin au baryton Ludovic Tézier de cesser de ménager son partenaire pour atteindre toute la mesure dramatique de leur affrontement. Tézier offre tout au long de la soirée un style de la plus haute tenue qui culmine dans un Urna fatale d’anthologie.
Approchant les cinquante années de carrière, Ferruccio Furlanetto n’a plus la tessiture exigée par Padre Guardiano. L’expérience et des ressources techniques impressionnantes lui permettent de donner le change avec une sobriété de bon aloi. Le choix de distribuer Nicola Alaimo en Melitone est en revanche brillant et même plus que cela : l’acteur désopilant se double d’un chanteur accompli cultivant le bel canto. Il existe toute une tradition de distribuer le rôle de Prezosilla à une voix de caractère. Cette mauvaise habitude se vérifie encore ce soir avec Elena Maximova dont la présence criarde ne rend pas justice à l’écriture qui demande au contraire homogénéité du timbre et légèreté de l’émission.
L’élégance caractérise pourtant le travail en fosse de Jader Bignamini. Clarté des lignes orchestrales, douceur des attaques, grande attention portée aux chanteurs parfois jusqu’à une révérence trop prudente, sa direction ne cultive pas assez les contrastes. Les premières scènes traînent ainsi en longueur alors qu’elles devraient se dérouler avec la concision d’un préquel. Le III souffre particulièrement de ce traitement façon marchand de sable d’autant que la mise en scène y démissionne. La mort de Leonora devient en revanche sous cette baguette l’élévation d’une madone.
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Opéra Bastille, Paris Le 15/12/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise de La Force du destin de Verdi dans la mise en scène de Jean-Claude Avray, sous la direction de Jader Bignamini à l’Opéra national de Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
La Forza del Destino, melodramma en quatre actes (1862)
Livret de Francesco Maria Piave d’après Rivas et Schiller
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Jader Bignamini
mise en scène : Jean-Claude Auvray
décors : Alain Chambon
costumes : Maria Chiara Donato
Ă©clairages : Laurent Castaingt
chorégraphie : Terry John Bates
préparation des chœurs : Ching-Lien Wu
Avec :
Anna Netrebko (Donna Leonora), Ludovic TĂ©zier (Don Carlo di Vargas), Russell Thomas (Don Alvaro), Elena Maximova (Preziosilla), Ferruccio Furlanetto (Padre Guardiano), Nicola Alaimo (Fra Melitone), James Creswell (Il Marchese di Calatrava), Julie Pasturaud (Curra), Florent Mbia (un Alcade), Carlo Bosi (Maestro Trabuco), et Hyun Sik Zee (un chirgurgien). | |
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