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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Adam Laloum avec le concours du Quatuor Tchalik au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Confession musicale
Carton plein pour ce début d’année aux concerts du dimanche matin de Jeanine Roze. Les six Moments musicaux de Schubert trouvent une très rare unité émotionnelle sous les doigts d’Adam Laloum. Dans le Quintette avec piano n° 2 de Dvořák joué avec le Quatuor Tchalik, le pianiste démontre une nouvelle fois ses exceptionnelles qualités de chambriste.
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Pour son premier dimanche de 2023, Jeanine Roze fait pratiquement salle comble. Vision réconfortante de la foule répondant à un superbe programme opposant le Schubert le plus intime au Dvořák le plus pittoresque. Dès les premiers accords du Moderato ouvrant les Moments musicaux, Adam Laloum déploie avec finesse une palette dynamique resserrée autour de la nuance piano. Ce jeu sonne comme un journal intime, d’une voix se confiant dans le silence. Au lieu de choisir le côté descriptif de cette pièce, le pianiste use d’une superbe palette de couleurs comme un miroir des divagations de l’âme.
Dans l’Andantino, lorsque le second thème apparaît, il n’est alors point besoin de grand contraste pour atteindre l’émotion la plus douloureuse. Les autres mouvements sont moins une alternance qu’une continuité d’affects, tant Laloum privilégie le chant sur l’articulation des ruptures. C’est le Schubert de l’univers du Lied, qui nous est rendu ici. Les derniers accords de l’Allegretto donnent l’impression d’un rêve éveillé qui s’achève dans le plus grand secret.
Le pianiste est rejoint par le Quatuor Tchalik pour la seconde partie de concert consacrée au Quintette avec piano n° 2 de Dvořák. Si le début sonne un peu raide et fragile d’intonation, les musiciens font montre d’une écoute collective assez exceptionnelle. L’altiste Guillaume Becker, membre du Quatuor Voce, qui remplace aujourd’hui Sarah Tchalik, peut ainsi s’intégrer de la plus belle des façons dans cette œuvre où les mélodies circulent généreusement d’un pupitre à l’autre.
Le piano de Laloum entre dans le cercle sans effort et parvient à communiquer un ton particulièrement touchant tout au long de l’œuvre, tant et si bien que les effusions qui auraient pu paraître bien extérieures après Schubert sonnent plus mélancoliques que d’ordinaire. En bis, le choix de l’Andante, un poco adagio du Quintette avec piano de Brahms résume admirablement cette dialectique entre rythme et mélodie, ici résolue sur le ton de la communion.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 08/01/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Récital du pianiste Adam Laloum avec le concours du Quatuor Tchalik au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Six Moments musicaux D. 780 (1823-1827)
AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Quintette pour piano et cordes n° 2 en la majeur op. 81 (1887)
Adam Laloum, piano
Quatuor Tchalik | |
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