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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 octobre 2024 |
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Reprise de Tristan et Isolde de Wagner dans la mise en scène de Peter Sellars et Bill Viola, sous la direction de Gustavo Dudamel à l’Opéra national de Paris.
Tristan sans coordination
Cette nouvelle reprise du spectacle phare des années Mortier est marquée par des oppositions plutôt qu’une symbiose entre la direction de Gustavo Dudamel et la scène, tant dans la conception du spectacle que dans le dialogue avec le plateau. Le Tristan bien chantant de Michael Weinius est confronté à l’Isolde trop exposée de Mary Elizabeth Williams.
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Gustavo Dudamel est-il vraiment un chef d’opéra ? La question mérite d’être posée après cette nouvelle étape du mandat en cours du chef vénézuélien. Après Tosca, voici la deuxième reprise qu’il dirige cette saison dans une maison de niveau mondial où l’on pourrait penser que le directeur musical se réserve plutôt les nouvelles productions. C’est que Dudamel n’y dirige pour le moment que des ouvrages qu’il a déjà à son répertoire. Cet investissement parisien relatif peut en partie s’expliquer par le planning d’une carrière chargée. L’important reste le travail en fosse et, à ce titre, ce Tristan pose de nouvelles questions.
Le Wagner de Dudamel est brillant et virtuose, plus solaire que mystique. La représentation de ce soir confirme cette ligne stylistique avec une direction séquentielle au I qui privilégie tout ce qui est animé, à la façon d’une bande son de film d’aventures. Au II, la nuit semble bien claire et l’orchestre sonne plus vertical que lyrique pendant le duo d’amour. Et au dernier acte, la bataille devient épique alors que le prélude manque d’ambiance. Tous ces choix viennent en contradiction avec les vidéos oniriques et hypnotiques de Bill Viola, comme si le chef refusait de les voir alors qu’elles étaient également présentes lorsqu’il a dirigé l’œuvre à Los Angeles.
Ce manque de réceptivité face à la scène s’accompagne d’une attention limitée aux chanteurs. Bien entendu, avec un chef de ce niveau, les décalages sont limités. Mais ce soir la prestation de Mary Elizabeth Williams en Isolde demandait de l’aide. La soprano au jeu débridé au point que Peter Sellars a abandonné l’intériorité d’une grande partie de sa mise en scène, ne s’est pas montrée vocalement sous un jour favorable. Excepté dans de rares passages piano, sa voix sonne dure et dangereusement ouverte. La prononciation approximative de l’allemand disparaît au II pour un sabir tandis que l’intonation vacille complètement au III.
Le chef n’adapte en rien sa direction, laissant seule la soprano face à ses nombreuses difficultés. Comme il ne répond pas aux couleurs poétiquement distillées par l’excellent Michael Weinius, particulièrement inspiré pour le délire de Tristan. Le dialogue avec le roi Marke un peu vieilli d’Eric Owens manque aussi de profondeur. Seuls les autres rôles semblent correspondre à la conception du chef : la Brangaine affranchie d’Okka von Damerau et surtout le Kurwenal très viril de Ryan Speedo Green, qui fait sensation. Il faut espérer que les soirées suivantes montreront davantage de coordination artistique.
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Opéra Bastille, Paris Le 17/01/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise de Tristan et Isolde de Wagner dans la mise en scène de Peter Sellars et Bill Viola, sous la direction de Gustavo Dudamel à l’Opéra national de Paris. | Richard Wagner (1813-1883)
Tristan und Isolde, action dramatique en trois actes (1865)
Livret du compositeur
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Gustavo Dudamel
mise en scène : Peter Sellars
création vidéo : Bill Viola
costumes : Martin Pakledinaz
Ă©clairages : James F. Ingalls
préparation des chœurs : Alessandro di Stefano
Avec :
Michael Weinius (Tristan), Mary Elizabeth Williams (Isolde), Eric Owens (König Marke), Okka von Damerau (Brangäne), Ryan Speedo Green (Kurwenal), Neal Cooper (Melot), Maciej Kwaśnikowski (un Pâtre / un Jeune marin), Tomasz Kumiega (un Timonier). | |
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