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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Nouvelle production de Parsifal de Wagner dans une mise en scène de Michael Thalheimer et sous la direction de Jonathan Nott au Grand Théâtre de Genève.
Bloody Friday
Cette nouvelle production de Parsifal signée Michael Thalheimer laisse une impression d'inachevé due à une mise en scène hiératique qui fige l'action en une série de symboles traditionnels. Le plateau est dominé par Christopher Maltman et Tanja Ariane Baumgartner tandis que la direction de Jonathan Nott confond raffinements et sophistication.
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Ce Parsifal figurait en bonne place parmi les événements de la saison 2022-2023 du Grand Théâtre de Genève. C'était sans compter une mise en scène de Michael Thalheimer qui hésite entre Regietheater muséal et symbolisme didactique. La scénographie est tout entière construite sur l'insistance de la thématique du sang à la fois comme souillure originelle et élément motivique. Entre délabrement et ébranlement, la société des chevaliers du Graal s'incarne dans ce Gurnemanz cacochyme promenant sa souffrance d'un bout à l'autre de la soirée en tremblant de tout son corps sur une paire béquilles. Le décor de Henrik Ahr est à l'avenant, offrant au regard de hauts murs d'où ruisselle le sang et qui coulissent pour encadrer l'action.
Progressivement, ils se divisent pour former une croix au sein de laquelle on trouve le personnage emblématique de chaque acte – Amfortas au I et III, Klingsor au II. Le sang est à la fois celui des stigmates du Christ/Amfortas, mais également la substance avec laquelle les chevaliers dessinent avec frénésie et obsession des croix et Kundry les mots du livret annonçant le « chaste fol » dont l'écho est ce Parsifal grimé en bouffon sinistre au dernier acte.
Le rapport du blanc au noir signe sans surprise le basculement entre Montsalvat et le jardin de Klingsor tandis que le tailleur rouge de Kundry est un rappel discret de l'hémoglobine et qu'on comprend tout de suite que le pistolet qu'elle brandit servira à tuer son maître maléfique. La mise en scène ne sollicite qu'à la marge le regard du wagnérien éprouvé et laissera sans doute le néophyte sur sa faim, avec des points d'interrogation comme ce pénible ballet de Filles-fleurs dont les protubérances évoquent de mystérieux bulbes végétaux…
Le plateau est de meilleure qualité avec en tout premier plan la prise de rôle de Christopher Maltman en Amfortas. Le profil émacié déploie tel un arc une douleur et une incarnation véritablement pénétrantes. Le timbre est magnifique, porté par une projection et une ligne tendue impressionnante. Tareq Nazmi est un Gurnemanz un brin monolithique dans son phrasé et son expression mais soutenu de belle manière par un souffle et une tension remarquables.
La Kundry de Tanja Ariane Baumgartner n'a pas en Kundry l'aisance et l'évidence de la Clytemnestre qu'elle chantait l'an dernier in loco. L'instrument demeure absolument convaincant dans la façon de faire éclater l'ébranlement psychologique fait de sauvagerie et de douceur confondues. Seul le Parsifal de Daniel Johansson décevra par la façon dont il laisse entendre les limites d'un ambitus qui rétrécit dans l'aigu et demeure très terne dans l'ensemble.
La direction de Jonathan Nott joue la carte d'une lecture aérée dans le prélude mais dont la trop ostensible régularité d'expression finit par gommer toute aspérité et tout théâtre. Les moiteurs et les émolliences du II butent sur un raffinement devenu sophistication, à l'envi d'un geste à l'ampleur certes démonstrative mais totalement neutre au moment du Vendredi saint et de l'ultime rédemption.
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Grand Théâtre, Genève Le 25/01/2023 David VERDIER |
| Nouvelle production de Parsifal de Wagner dans une mise en scène de Michael Thalheimer et sous la direction de Jonathan Nott au Grand Théâtre de Genève. | Richard Wagner (1813-1883)
Parsifal, festival scénique sacré en trois actes (1883)
Livret du compositeur
Chœurs du Grand Théâtre de Genève
Maîtrise du Conservatoire populaire de Genève
Orchestre de la Suisse Romande
direction : Jonathan Nott
mise en scène : Michael Thalheimer
décors : Henrik Ahr
costumes : Michaela Barth
Ă©clairages : Stefan Bolliger
préparation des chœurs : Alan Woodbridge
Avec :
Christopher Maltman (Amfortas), William Meinert (Titurel / Deuxième chevalier), Tareq Nazmi (Gurnemanz), Daniel Johansson (Parsifal), Martin Gantner (Klingsor), Tanja Ariane Baumgartner (Kundry), Louis Zaitoun (Premier Chevalier), Julieth Lozano, Tinike van Ingelgem, Louise Foor, Valeriia Savinskaia, Ena Pongrac, Ramya Roy (Filles-fleurs), Julieth Lozano, Ena Pongrac, Omar Mancini, José Pazos (Écuyers), Ena Pongrac (une voix). | |
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