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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la violoniste Janine Jansen à la Philharmonie de Paris.
Grand Ă©cart dynamique
Préparant une nouvelle tournée européenne, l’Orchestre de Paris présente son programme comportant l’inévitable signature de l’orchestre : la Symphonie fantastique. Le Concerto pour violon de Sibelius qui lui est joint souffre du jeu lent et maniéré de Janine Jansen. Enfin, le Ciel d’hier de Saariaho permet de poursuivre l’hommage à la compositrice pour ses 70 ans.
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Une nouvelle fois, Klaus Mäkelä choisit pour ouvrir son programme une œuvre de la compositrice Kaija Saariaho. Ciel d’hiver est le mouvement le plus long d’Orion, une pièce inspirée par un tableau du XVe siècle représentant un couple de mariés. Contrairement à ce qui est indiqué dans le programme de salle, l’Orchestre de Paris a déjà interprété l’œuvre sous la direction de Christoph Eschenbach et l’a enregistrée pour le label Ondine.
Ces dix minutes sont tout à fait caractéristiques de l’artisanat de la Finlandaise : une mélodie circulant dans les pupitres dans une orchestration diaphane. Le début sonne particulièrement de manière féérique, plus encore avec Mäkelä qu’avec Eschenbach. La construction en arche est en revanche d’un classicisme éculé. La surprise vient de qu’on entend dans la pièce qui suit, le Concerto pour violon de Sibelius, des échos de ces recherches harmoniques.
Il faut dire que la violoniste Janine Jansen et le chef prennent un tempo tellement lent pour l’Allegro moderato que cela conduit à mettre à découvert les coutures de l’écriture sibélienne. Les résonnances soulignées délicatement de cette manière sont intéressantes mais pour autant le discours du concerto perd gravement en lisibilité. Jansen n’a plus qu’une projection limitée qui oblige le chef à maintenir sans cesse l’orchestre dans la nuance piano.
L’Adagio di molto confine à la torpeur tant la violoniste n’arrive pas à structurer les charmantes arabesques qu’elle ne cesse de dessiner. L’Allegro final nous ramène en territoire connu, mais cette fois les rares échappées dynamiques de Mäkelä sonnent de manière disproportionnée, tandis que Jansen compense par les mouvements de son corps la mollesse de ses attaques. L’ensemble garde cependant séduction évidente et sûreté d’intonation.
En seconde partie, l’Orchestre de Paris sacrifie au rituel de sa Symphonie fantastique quasi annuelle. Le premier mouvement, Rêveries-Passions, privilégie les secondes aux premières avec des contrebasses hallucinantes de virtuosité. Le travail détaillé sur les cordes sera d’ailleurs le point saillant de cette interprétation. Pour autant Un Bal manque d’abandon. Le chef impulse beaucoup d’énergie et tient son orchestre qui à des broutilles près brille d’une santé insolente.
Dans la Scène aux champs, Mäkelä déploie avec élégance la plastique de l’orchestre qui atteint ici un sommet. Pour les deux derniers mouvements, le chef semble plus intéressé par la réalisation que par la variété des sonorités expressives, cordes exceptées. Sous la houlette déchaînée d’Eichi Chijiwa, ces dernières éblouissent d’engagement. Pour le reste, Mäkelä joue littéralement des écarts dynamiques pour un paroxysme spectaculaire.
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Philharmonie, Paris Le 02/03/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la violoniste Janine Jansen à la Philharmonie de Paris. | Kaija Saariaho (*1952)
Ciel d’hiver (2002)
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon (1905)
Janine Jansen, violon
Hector Berlioz (1803-1869)
Symphonie fantastique (1830)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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