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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

RĂ©cital Rachmaninov Ă  deux pianos de Daniil Trifonov et SergueĂŻ Babayan Ă  la Maison de la Radio, Paris.

Matière noire
© Thomas Deschamps

Le récital monographique donné par Danill Trifonov et son ancien professeur Sergueï Babayan donne à entendre un Rachmaninov plus sombre qu’à l’accoutumée. En opposition par les sonorités mais réuni dans une conception très maîtrisée, le duo joue avec une virtuosité qui ne laisse rien au hasard et n’est jamais gratuite.
 

Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
Le 21/03/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • RĂ©gulièrement, le maĂ®tre SergueĂŻ Babayan retrouve son ancien Ă©lève Daniil Trifonov pour un rĂ©cital consacrĂ© Ă  l’œuvre pour deux pianos de Rachmaninov. La suite n° 1 « Fantaisie-Tableaux Â» aux racines très littĂ©raires prend sous leurs doigts une ampleur fantasmagorique inouĂŻe. Dès la Barcarolle initiale les deux pianistes se dĂ©gagent des images faisant habituellement rĂ©fĂ©rences. Point de glissement langoureux mais une noirceur Ă  la plastique intense. La nuit… l’amour sonne Ă©galement de manière passionnĂ©e.

    Si la renommée de Trifonov dépasse aujourd’hui très largement celle de Babayan, les deux pianistes rivalisent de virtuosité dans une égalité de puissance. Leurs sonorités se distinguent sans peine : large et mate pour le pianiste arméno-américain, adamantine pour le Russe. Cependant, les duettistes semblent vraiment parler la même langue, celle du plus jeune.

    Les Larmes n’ont rien de littérales et l’on retrouve l’approche très conceptuelle, typique des interprétations de Trifonov. Lorsque retentissent les cloches terrifiantes de Pâques, il se dégage une force qui égale celle de certaines scènes du Andreï Roublev de Tarkovski. La suite n° 2 n’a plus rien à voir avec ces tableaux de la Russie ancienne mais se présente comme une succession de danses stylisées aux harmonies plus modernes.

    Nos deux complices déploient une rhétorique éblouissante. Pas question de pouvoir danser ces morceaux, c’est à en perdre l’équilibre tant cela tourbillonne et virevolte. De temps à autre, une mélodie surgit avec une force d’expression qui emporte tout. Les images s’entrechoquent puissamment. Cela fait craindre un excès pour les Danses symphoniques données en deuxième partie tant le modèle orchestral peut être envahissant.

    Il n’en est rien. Les pianistes privilégient la carte de l’étrange et du mystère. Ils mettent particulièrement en valeur les incessants changements harmoniques comme autant de lumières rasantes sur une matière noire. L’effet est saisissant et l’on oublie complètement la pièce d’origine devant cette recréation géniale.

    En un bis généreux, le duo offre une transcription (qu’on suppose de la main de Babayan) d’un large extrait de l’Adagio de la Symphonie n° 2 : un Rachmaninov plus consensuellement mélodique.




    Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
    Le 21/03/2023
    Thomas DESCHAMPS

    RĂ©cital Rachmaninov Ă  deux pianos de Daniil Trifonov et SergueĂŻ Babayan Ă  la Maison de la Radio, Paris.
    SergueĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
    Suite pour deux pianos n° 1 op. 5 « Fantaisie-tableaux Â» (1893)
    Suite pour deux pianos n° 2, op. 17 (1901)
    Danses symphoniques pour deux pianos, op. 45b (1940)
    Daniil Trifonov & SergueĂŻ Babayan, piano

     


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