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CRITIQUES DE CONCERTS 11 décembre 2024

Entrée au répertoire de Nixon in China d’Adams dans une mise en scène de Valentina Carrasco et sous la direction de Gustavo Dudamel à l’Opéra de Paris.

Adams choisit son camp
© Christophe PelĂ©

Pour faire entrer Nixon in China à l’Opéra de Paris, Valentina Carrasco propose une mise en scène très orientée sur la supériorité américaine, en focalisant son propos sur le ping-pong et les exactions du régime maoïste, au risque de passer à côté du livret d’Alice Goodman, tandis que la musique de John Adams est peu servie par Dudamel.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 29/03/2023
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Connu en France par la production de la crĂ©ation de Peter Sellars vue Ă  Bobigny, puis par celle de Chen Shi-Zheng au Châtelet, Nixon in China entre au rĂ©pertoire de l’OpĂ©ra de Paris dans une nouvelle mise en scène qui nous laisse très dubitatifs. Valentina Carrasco choisit pour prisme le dĂ©but de l’ouverture chinoise vers l’Occident, avec le tournoi de ping-pong de 1971, un an avant la visite du couple Nixon Ă  PĂ©kin. En parallèle, elle expose les monstruositĂ©s du rĂ©gime maoĂŻste, Ă  l’aide notamment du tĂ©moignage d’un violoniste qui raconte ses tortures et la longue interdiction de jouer de la musique autre que traditionnelle.

    Pendant la première rencontre des présidents sur le plateau levé, un violoniste est frappé au sous-sol, et son instrument brûlé aux côtés de piles de livres réduites au même sort. Pour renvoyer les USA hégémoniques de Nixon à leurs défauts, on retrouve seulement quelques images, dont celles (majestueuses) de bombardiers au-dessus du Vietnam, et en fin d’opéra des images ultra-rabâchées du Watergate, de l’étudiant devant les chars à Tian'anmen ou de la révolution des parapluies à Hong-Kong.

    Réflexion sur les raisons de la rupture chinoise, sur la situation actuelle des deux pays, sur le capitalisme exacerbé qui n’a toujours pas amené la démocratie en Chine, mise en exergue d’un puissant livret écrit en pleine période Reagan, Carrasco passe à côté de tout. Ni la scène d’abus sexuel de Kissinger (que Mao moquait de toujours être accompagné de jolies femmes), ni les échanges politiques entre les deux pays, ni le ridicule de Nixon quand sa femme lui rappelle qu’elle connaît par cœur ses histoires de soldat, ne sont développés.

    On aimerait se rattraper avec la musique, sonorisée à la première à Houston, ce soir un peu perdue dans la grande nef de Bastille, qui amoindrit la projection des voix. Scéniquement superbe, le couple Nixon trouve avec Thomas Hampson un président magnifiquement caractérisé et bien tenu dans le médium, moins convaincant dans un aigu pourtant très sollicité. Complice, Renée Flemming parvient encore à offrir un beau monologue au II, à côté d’un dragon à comparer à l’aigle-avion de la première scène, qui renvoie là encore à une Chine d’Épinal arriérée face à une Amérique imposante et moderne.

    Grossi pour le ridiculiser, le Mao Zedong de John Matthew Myers convainc surtout à l’acte III, quand chez les seconds rôles on retient la gravité et la clarté d’émission du Kissinger de Joshua Bloom, et la Première secrétaire de Yajie Zhang. La colorature Kathleen Kim ne peut faire oublier les grandes titulaires de Chiang Ch’ing, ni Xiaomeng Zhang ceux de Zhou Enlai. Sous la direction de Dudamel, grand habitué de John Adams, l’Orchestre de l’Opéra de Paris, pas toujours très en place, ne parvient jamais à exploiter une partition qui semble peu motiver les musiciens, sauf peut-être lors des Chairman Dances.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 29/03/2023
    Vincent GUILLEMIN

    Entrée au répertoire de Nixon in China d’Adams dans une mise en scène de Valentina Carrasco et sous la direction de Gustavo Dudamel à l’Opéra de Paris.
    John Adams (1947*)
    Nixon in China, opéra en trois actes (1987)
    Livret d’Alice Goodman

    Chœurs de l’Opéra national de Paris
    Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Gustavo Dudamel
    mise en scène : Valentina Carrasco
    décors : Carles Berga & Peter Van Praet
    Ă©clairages : Peter Van Praet
    costumes : Silvia Aymonino
    création sonore : Mark Grey
    préparation des chœurs : Ching-Lien Wu

    Avec :
    Thomas Hampson (Richard Nixon), Renée Fleming (Pat Nixon), Xiaomeng Zhang (Zhou Enlai), John Matthew Myers (Mao Zedong), Joshua Bloom (Henry Kissinger), Kathleen Kim (Chiang Ch’ing), Yajie Zhang (Nancy T’ang, première secrétaire de Mao), Ning Liang (La deuxième secrétaire de Mao), Emanuela Pascu (La troisième secrétaire de Mao).

     


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