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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert Schubert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Herbert Blomstedt à la Philharmonie de Paris.
Grande jeunesse
Les musiciens de l’Orchestre de Paris couvent du regard le vieil Herbert Blomstedt et lui servent le meilleur d’eux-mêmes pour un diptyque schubertien de grande allure. Mais c’est surtout la Grande Symphonie, partition fétiche du maestro, qui témoigne d’un artisanat au plus près du texte et d’une sincérité qui n’a pas pris une ride.
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Le gamin alerte qu’on avait laissé un soir de décembre 2021 dans cette même salle au terme d’un programme Brahms est devenu un frêle vieillard qui a besoin d’être soutenu par Eichi Chijiiwa, le deuxième violon solo de l’Orchestre de Paris, pour gagner un banc depuis lequel il va diriger. Une mauvaise chute en septembre dernier a causé ce handicap qui se traduit aussi dans les gestes de direction moins variés et moins amples.
À 95 ans passés, il faut donc à Herbert Blomstedt tout régler avec les musiciens durant les répétitions. Perfectionniste, remettant toujours sur le métier les œuvres de son cœur de répertoire, comme les deux symphonies de Schubert qu’il interprète ce soir, il a demandé et obtenu un service de répétition supplémentaire. Sans avoir changé de conception depuis le fameux enregistrement de la fin des années 1970, la Symphonie n° 1 n’a rien perdu de son engagement. Il semble même qu’elle ait gagné en rapidité !
Sous sa direction, la symphonie de Schubert la plus inspirée par Haydn a des accents solennels de grand style, notamment avec des cordes aux longs phrasés. La présence de toutes les reprises empèse légèrement l’œuvre d’autant qu’elles sont observées sans aucune variation autre qu’une légère perte d’énergie interne. Aucun problème de cette nature pour la Symphonie n° 9 qui suit et qui comporte elle-aussi toutes ses reprises.
C’est que Blomstedt en exalte toutes les subtilités d’écriture, avec une ponctuation par les vents de l’Orchestre de Paris, notamment les trombones, qui sonnent admirablement. Les cordes largement déployées semblent trouver leur barycentre vers les violoncelles et les contrebasses, sans aucune pesanteur pour autant. L’Andante chante la rêverie d’un promeneur en forêt et le Scherzo valse avec souplesse. La pulsation animant l’Allegro vivace final est celle d’un jeune homme – on en jurerait ! Le cheminement vers la coda ne procède pas de la redondance mais de l’infime variation, où chaque étape est une victoire sur soi-même de plus.
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Philharmonie, Paris Le 07/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert Schubert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Herbert Blomstedt à la Philharmonie de Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie n° 1 en ré majeur D. 82 (1813)
Symphonie n° 9 en ut majeur « Die Grosse » D. 944 (1826)
Orchestre de Paris
direction : Herbert Blomstedt | |
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