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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Yuja Wang à la Philharmonie de Paris.
Par-delĂ la valse
La création française du très prolixe Concerto pour piano n° 3 de Lindberg met en valeur la virtuosité de Yuja Wang à défaut de convaincre de l’inspiration de son compositeur. La soirée trouve en revanche sa cohérence avec la Valse triste de Sibelius et la Pathétique de Tchaïkovski dont Klaus Mäkelä souligne magistralement les sinistres correspondances.
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L’Orchestre de Paris reprend la Valse triste de Sibelius qui avait été jouée lors du concert donné en hommage à Philippe Aïche en janvier dernier. Plus sombre encore que celle d’Esa-Pekka Saraste, la direction de Klaus Mäkelä accuse les écarts dynamiques depuis des pianissimi qui forcent le public à la concentration jusqu’au climax le plus dramatique qui soit. Même dans l’évocation des danseurs, l’inquiétude reste palpable par un jeu de lumières de plus en plus rasantes jusqu’au dernier souffle. C’est un climat beaucoup moins oppressant que présente la création française qui suit.
Le Concerto pour piano n° 3 composé l’année dernière par Magnus Lindberg se réclame du sur-mesure pour sa dédicataire, Yuja Wang. Effectivement, sa virtuosité réclame bien trois ou quatre mains, aussi la Chinoise est-elle complètement à son affaire. Depuis quelques années, Lindberg a abandonné sa posture d’avant-gardiste pour des compositions beaucoup plus faciles pour l’auditeur. Ce nouveau concerto ne cache rien des influences assumées : Bartók, Ravel ou même Rachmaninov.
Son écoute est distrayante mais une fois les emprunts repérés, la lassitude apparaît face à une alternance vif-lent qui ne permet pas différencier les mouvements pourtant séparés. Wang et Mäkelä semblent en tout cas bien s’amuser de cette luxuriance prodigue. Trois bis de la pianiste offrent ensuite un mini récital qui culmine avec un Presto agitato de la Sonate pour piano n° 7 de Prokofiev absolument ébouriffant.
Pour la seconde partie de concert, Mäkelä retrouve la plus grande rigueur. Sa direction de la Symphonie Pathétique de Tchaïkovski surprend par son refus complet de tout aspect sentimental. Relançant sans cesse l’Orchestre de Paris pourtant au taquet, il dramatise fortement le premier mouvement dans un jeu de tensions tiré au cordeau. Au contraire, pour l’Allegro con grazia, Mäkelä s’abstient fréquemment de diriger, laissant les musiciens répondre magnifiquement à quelques impulsions, pour une valse qui rappelle le début de soirée.
Après, un troisième mouvement implacable, l’Adagio final sonne comme une œuvre en soi. Dans une réalisation millimétrée, le chef finlandais ne déborde jamais : point de sanglots ou d’apitoiement sur soi-même, mais une dernière méditation avant l’extinction.
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Philharmonie, Paris Le 14/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Yuja Wang à la Philharmonie de Paris. | Jean Sibelius (1865-1957)
Valse triste (1903)
Magnus Lindberg (*1958)
Concerto pour piano n° 3 (2022)
Yuja Wang, piano
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Symphonie n° 6 en si mineur op. 74 « Pathétique » (1893)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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