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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Cédric Tiberghien au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Sans esbrouffe
À l’occasion d’un Concert du dimanche matin de Jeanine Roze, Cédric Tiberghien présente une partie du programme issu d’un double album intitulé Variation[s] qui vient de paraître chez Harmonia Mundi. Il y adjoint la Chaconne de Bach transcrite par Brahms. C’est toutefois Mozart et Beethoven qui sont merveilleusement servis par un discours aussi subtil qu’intime.
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Cédric Tiberghien s’assied devant le piano, prend un micro, s’adresse au public afin de présenter le concert sous le thème des variations. Avec ses soixante-trois variations, la Chaconne en ré mineur de Bach transcrite pour la main gauche par Brahms fait une sacrée entrée en matière. Suivant à la lettre le conseil de l’arrangeur, Tiberghien joue la pièce mezza voce, travaillant particulièrement les nuances pianos qui sonnent alors comme autant d’articulations subtiles.
Sous ses doigts l’œuvre ne prend pas la puissance polyphonique amplifiée par Brahms, et reste plus proche de l’original dans une perspective particulièrement intime. Le pianiste a ensuite choisi la Sonate pour piano n° 11 de Mozart, non pour sa célébrissime Marche turque mais pour le premier mouvement avec les six variations qui suivent la sicilienne faisant office de thème.
Le jeu de Tiberghien allie une ligne claire à des couleurs délicatement dosées qui produisent le renouvellement attendu. Là encore les nuances piano émerveillent par leur caractère juste sans aucun maniérisme. La fin de cet Andante grazioso fuse et annonce déjà l’éclat de la fameuse marche. Entre-temps, le pianiste a joué le trio du Menuet avec fraîcheur. La dernière pièce du programme, les Variations héroïques de Beethoven, est un peu comme les Bagatelles pour piano une plongée dans le laboratoire du compositeur.
L’inventivité du compositeur paraît sans fin dans l’interprétation de Tiberghien. Sans être péremptoire et sans œillades, le pianiste relance le discours, toujours par des nuances dans les dynamiques et une palette de couleurs assorties. Le phrasé demeure d’un classicisme bienvenu et les proportions ne dévient jamais jusqu’à la fugue finale jubilatoire. Point de variation supplémentaire pour le bis donné par le pianiste mais un choix astucieux, celui des Oiseaux tristes de Ravel que Tiberghien égrène de manière méditative. Tous les enjeux précédents se dissolvent comme par magie et laissent rêveur.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 16/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Récital du pianiste Cédric Tiberghien au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Chaconne en ré mineur
Transcription pour la main gauche de Brahms (1877)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour piano n° 11 en la majeur K. 331 (1783)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quinze variations héroïques pour piano, op. 35 (1802)
CĂ©dric Tiberghien, piano | |
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