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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Reprise de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch dans une mise en scène de Calixto Bieito et sous la direction de Alejo Pérez au Grand Théâtre de Genève.

De la boue à l’or
© Magali Dougados

Aviel Cahn, directeur du Grand Théâtre de Genève, revient après neuf ans à la célèbre production mise en scène par Calixto Bieito de Lady Macbeth de Chostakovitch créée à l'Opéra des Flandres. Ausriné Stundyté (Katerina) et Ladislav Elgr (Sergueï) se taillent la part du lion, soutenus en fosse par un Alejo Pérez superlatif.
 

Grand Théâtre, Genève
Le 07/05/2023
David VERDIER
 



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  • Le livret qui avait inspirĂ© Ă  Chostakovitch son noir et puissant chef-d'Ĺ“uvre trouve dans le travail de Calixto Bieito un Ă©cho d'une beautĂ© brutale et suffocante, opposant un plateau couvert d'une couche Ă©paisse de boue Ă  un intĂ©rieur d'une blancheur immaculĂ©e suspecte, qui renvoie Ă  un univers brassant des rĂ©fĂ©rences relatives Ă  des ruines industrielles et une peinture dantesque d'un vague pandĂ©monium.

    Les protagonistes sont poussés dans leurs retranchements, avec un rôle-titre en point focal paradoxal où frustration et ennui produisent un désir charnel devenu quête et pulsion animale chez son amant. Le destin sinistre et dérisoire de cette Lady Macbeth bovaryste ressemble à une descente aux enfers quand son parcours se brise après le meurtre de son beau-père et son mari. Un accident de scène oblige la soprano à évoluer avec une attelle et une béquille – accessoires intégrés à la perfection à une approche revisitée.

    Boris arbore Stetson et bottes de cow-boy pour mieux souligner la veulerie et la cupidité du propriétaire terrien, désespéré de voir sa bru sans descendance et bien décidé à mettre la main à la pâte… Zinovi est le double falot du viril ouvrier Sergueï qui séduit Katerina et l'entraîne dans sa chute. On retrouve avec plaisir la palette esthétique de l’un des meilleurs metteurs en scène de ces dernières années, et ce spectacle s'inscrit magistralement parmi les plus réussis, encore plus autoritaire et plus violent que Dmitri Tcherniakov à Lyon et Kzrysztof Warlikowski à Paris.

    Le plateau magnifie cette production avec, au premier rang, la Katerina désormais anthologique d'Aušrinė Stundytė. La ligne de chant traduit tour à tour la brûlure du plaisir, puis la honte et la douleur d'une héroïne qui s'offre en sacrifice et donne absolument tout. Les personnages féminins semblent s'inspirer de cette figure magnétique, comme les éclats d'un portrait diffracté.

    Ladislav Elgr campe un Sergueï dont les aigus parfois forcés sont parfaitement intégrés au jeu d'acteur, ce qui n'est pas toujours le cas du Zinovi de John Daszak, dont la carrure et la puissance animale cadraient mieux dans le rôle de l'amant à Lyon. Dmitry Ulyanov est un Boris hallucinant de présence et de projection, rejoint dans la qualité de l'engagement par le Pope délirant d'Alexander Roslavets et le Balourd miteux (cocaïné) de Michael Laurenz. Cette

    L'Orchestre de la Suisse Romande trouve en Alejo PĂ©rez une direction capable de sublimer cet amalgame bouffon et tragique, puisant dans une transparence des pupitres pour souligner les contours fugato d'une entrĂ©e chorale ou la rutilance Ă  gros traits de la fanfare intervenant Ă  l'arrière-scène et dans les balcons. Ce travail combine les vertus d'une lecture qui puise dans la vĂ©hĂ©mence et l'âpretĂ© des timbres et regarde en mĂŞme temps vers la structure thĂ©matique et l'Ă©nergie d'un Wozzeck. Un travail d'orfèvre dans l'Ă©cho du vers de Baudelaire : « j'ai pĂ©tri de la boue et j'en ai fait de l'or Â».




    Grand Théâtre, Genève
    Le 07/05/2023
    David VERDIER

    Reprise de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch dans une mise en scène de Calixto Bieito et sous la direction de Alejo Pérez au Grand Théâtre de Genève.
    Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
    Lady Macbeth du district de Mzensk, opéra en quatre actes (1934)
    Livret d'Alexander Preis et du compositeur d'après de Nikolaï Leskov

    Chœur du Grand Théâtre de Genève
    Orchestre de la Suisse Romande
    direction : Alejo PĂ©rez
    mise en scène Calixto Bieito
    scénographie : Rebecca Ringst
    costumes : Ingo KrĂĽgler
    Ă©clairages : Michael Bauer
    préparation des chœurs : Alan Woodbridge

    Avec :
    Aušrinė Stundytė (Katerina Lvovna Ismaïlova), Dmitry Ulyanov (Boris Timoféiévitch Ismaïlov), John Daszak (Zinovi Borissovitch Ismaïlov), Ladislav Elgr (Sergueï), Julieth Lozano (Aksinia), Kai Rüütel (Sonyetka), Michael Laurenz (Le Balourd miteux), Alexander Roslavets (Le Pope / Un Vieux Forçat), Alexey Shishlyaev (L’Inspecteur de la police), Omar Mancini (3e Commis / L’Ivrogne / Le Maître d’école), Vladimir Kazakov (Le Portier), Marin Yonchev (1er commis), Georgi Svedkov (2e commis), William Meinert (Le Meunier), Igor Gnidii (Le Régisseur), Aleksander Chaveev (Un policier / Un sergent), Anna Samokhina (Une détenue), Dimitri Tikhonov (Une sentinelle).

     


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