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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Ariane Matiakh, avec le concours de la pianiste Lise de la Salle à la Philharmonie de Paris.
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Le magnifique programme présenté par l’Orchestre de Paris et Ariane Matiakh ne tient pas toutes ses promesses. Après un rare Koechlin et un Deuxième Concerto de Chopin joué trop brillamment par Lise de la Salle, la soirée tourne un peu à vide dans les Interludes marins de Britten sèchement dirigé et une Mer de Debussy où les instrumentistes prennent le pouvoir.
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Avec Vers la voûte étoilée de Koechlin, Ariane Matiakh propose une œuvre qui lui est chère. Jouant pleinement de l’acoustique généreuse de la Salle Pierre Boulez et des capacités des musiciens de l’Orchestre de Paris, elle ose un tempo encore plus lent que dans son enregistrement réalisé à Bâle. Sorte de lent et grand crescendo qui peut évoquer L’Île des morts de Rachmaninov en moins hypnotique et plus évanescente, la pièce trouve ainsi toute sa magie sonore mais le climax n’échappe pas à une saturation dynamique. L’accompagnement orchestral du Concerto pour piano n° 2 de Chopin qui suit appelle moins de sortilèges orchestraux.
Matiakh dirige de manière très allante l’introduction. L’entrée tumultueuse de Lise de la Salle manifeste une longueur d’ondes commune. La virtuosité marque cette interprétation, parfois au détriment du chant comme dans le Larghetto, manquant d’intimité, la pianiste semblant concentrée sur l’éclat indéniable de ses trilles. Cette interprétation véhémente trouve son aboutissement dans un Allegro vivace particulièrement vigoureux. De la Salle annonce en bis An die Musik de Schubert qu’elle joue avec la même brillance sans trouver l’introspection.
Pour la seconde partie de soirée consacrée à deux chefs-d’œuvre d’inspiration marine, Ariane Matiakh peine à trouver la fluidité requise. Le premier interlude de Peter Grimes, Aube, sonne glacial. La cheffe d’orchestre, qui ne phrase pas beaucoup, paraît plus à son aise avec les volées de cloches stylisées par les cors dans Dimanche matin. La poésie du Clair de lune lui échappe à force d’affirmation. Sa gestique incessante laisse peu de place à la respiration essentielle à cette page. Le dernier interlude, Tempête, tourbillonne de manière efficace mais un peu prosaïque, certainement pas lyrique. En fait, l’Orchestre de Paris parfaitement discipliné ne semble pas inspiré par cette direction verticale. Le divorce se consomme dans La Mer de Debussy.
La cheffe d’orchestre toujours aussi animée et claire dans ses gestes ne tente aucun particularisme, laissant les musiciens à leur parfaite et splendide affaire. Tout d’un coup, on entend des nuances dynamiques absentes du reste de la soirée, une gradation qu’on aurait aussi appréciée dans Britten. On se doute qu’il n’est pas facile pour un chef de proposer une lecture à un ensemble ayant une connaissance parfaite d’une des partitions jouées pratiquement chaque année. Ici le cas est extrême, les musiciens sont à la manœuvre sans un regard pour celle qui fait office de sémaphore.
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Philharmonie, Paris Le 25/05/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Ariane Matiakh, avec le concours de la pianiste Lise de la Salle à la Philharmonie de Paris. | Charles Koechlin (1867-1950)
Vers la voûte étoilée (1923-1933, rév. 1939)
Frédéric Chopin (1810-1849)
Concerto pour piano n° 2 (1829)
Lise de la Salle, piano
Benjamin Britten (1913-1976)
Quatre Interludes marins (1944)
Claude Debussy (1862-1918)
La Mer (1905)
Orchestre de Paris
direction : Ariane Matiakh | |
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