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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Nouvelle production de Turandot de Puccini dans une mise en scène de Sebastian Baumgarten et sous la direction de Marc Albrecht à l’Opéra de Zurich.
Turandot pleine de piquant
Curieuse et peu séduisante, la proposition scénique de Sebastian Baumgarten pour Turandot n’en est pas moins intéressante, tout comme la direction tout en relief de Marc Albrecht. Sondra Radvanovsky, en reine des abeilles, ne fait qu’une bouchée du rôle-titre tandis que Piotr Becazla interroge sur son adéquation avec ce répertoire.
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Après Tannhäuser dans une usine de biogaz (Bayreuth, 2011), Turandot dans une ruche. Telles sont les idées saugrenues de Sebastian Baumgarten. De fait, cette production rebute par ses costumes criards et ses éléments de décor abscons. Pour autant, elle soutient l’intérêt de bout en bout du fait d’une direction d’acteurs soignée, d’un indéniable sens de l’image et d’une profondeur prenant corps au fur et à mesure de la soirée.
Ce regard inédit cherche à exalter la modernité et la violence de la partition, et notamment l’enfermement et l’isolement de Turandot, respectée, crainte mais dont le peuple souhaite la libération pour sortir d’une société hiérarchisée, codifiée et surveillée – la ruche, les ministres arborant des masques en forme d’œil. Aussi, l’arrivée d’un nouvel étranger de belle figure est une occasion rêvée – les réponses aux énigmes seront soufflées par la foule et même l’Empereur. Une vision qui interroge l’œuvre de manière pertinente à défaut d’être séduisante.
L’oreille est tout autant aiguillonnée. Marc Albrecht empoigne la partition d’une main de fer, avec des tempi rapides et une approche anguleuse rapprochant la partition de Stravinski, notamment par la grande présence des percussions exotiques. Rarement la partition aura sonné aussi radicale et avant-gardiste, ce qui explique l’arrêt de la soirée à la mort de Liù, dans l’état d’inachèvement de la partition à la mort de Puccini. Dans cette perspective, le final de Berio aurait pourtant été parfaitement à sa place. Un travail passionnant qui repose sur un orchestre splendide mais qui couvre parfois les voix, quand les chœurs épousent la vigueur du chef pour offrir une prestation remarquable.
Cette radicalité nécessitait des chanteurs à même de l’incarner, et c’est tout à fait le cas. À commencer par Sondra Radvanovsky qui ne fait qu’une bouchée du rôle-titre. La voix est énorme mais capable d’allègement et de douceur. Le portrait est subtil jusque dans les failles qui transparaissent. Le rapprochement entre Calaf et Turandot, initié par Liù joignant les mains des deux protagonistes, émeut, d’autant que Rosa Feola incarne la jeune esclave à la perfection. La voix est belle, l’aigu parfaitement filé pianissimo, l’émotion à fleur de peau.
Nicolo Ulivieri délivre un solide Timur tandis que les trois ministres sont parfaitement incarnés. Jungrae Noah Kim est quant à lui un tonitruant Mandarin. Reste le Calaf de Piotr Beczala que l’on n’attendait pas dans ce répertoire... Certes la voix est magnifique, le medium sonore, l’aigu très clair et bien projeté, mais le chanteur grossit sa voix au risque de se mettre en danger. Il craque ainsi l’ut de Ti voglio tutta ardente d’amor mais donne un superbe Nessun dorma. La performance n’en laisse pas moins dubitatif sur l’adéquation de la voix du ténor à ce répertoire, tant il serait dommage de gâter un si beau matériau.
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Opernhaus, ZĂĽrich Le 24/06/2023 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de Turandot de Puccini dans une mise en scène de Sebastian Baumgarten et sous la direction de Marc Albrecht à l’Opéra de Zurich. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Turandot, drame lyrique en trois actes (1926)
Livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d’après Carlo Gozzi
Chœur de l’Opernhaus
Philharmonia ZĂĽrich
direction : Marc Albrecht
mise en scène : Sebastian Baumgarten
décors : Thilo Ruther
costumes : Christina Schmitt
Ă©clairages : Elfried Roller
vidéo : Philipp Haupt
préparation des chœurs : Janko Kastelic
Avec :
Sondra Radvanosky (Turandot), Martin Zysset (Altoum), Nicola Ulivieri (Timur), Piotr Beczala (Cala), Rosa Feola (LiĂą), Xiaomeng Zhang (Ping), Iain Milne (Pang), Natan Haller (Pong), Jungrae Noah Kim (Le Mandarin). | |
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