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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Saint François d’Assise de Messiaen dans une mise en scène d’Anna-Sophie Mahler sous la direction de Titus Engel à l’Opéra de Stuttgart.
Un Saint François itinérant
Spectacle fastueux joué dans les murs de l’opéra de Stuttgart mais aussi pour l’acte central dans un parc enchanteur au son des chants d’oiseaux. Pour autant, la mise en scène d’Anna-Sophie Mahler interroge par une vision naturaliste envahissante. Si la production est remarquablement servie au niveau musical, il y manque toute dimension spirituelle.
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C’est une production fastueuse que propose le Staatsoper de Stuttgart pour l’opus magnum d’Olivier Messiaen. Débutant à 14h, la représentation s’achève de nuit à 22h. Le spectacle débute au centre-ville dans le cadre habituel du Staatsoper avant que les spectateurs ne soient impeccablement transportés dans le théâtre de verdure d’un immense parc sur les hauteurs tandis que le troisième acte retourne à son point de départ. L’enregistrement maison du tableau de L’Ange voyageur est à écouter sur un lecteur MP3 fourni à chaque spectateur invité à se promener dans le parc.
L’orchestre est d’abord sur le plateau et les chanteurs à l’avant-scène, un rideau transparent permettant des projections. Le résultat n’est pourtant pas très convaincant. Les tenues de Saint François et ses compagnons font songer à une communauté hippie. Cette impression perdure toute la soirée, avec un François excentrique déambulant au milieu du public avec force sourires et clins d’œil. Le personnage prend un peu plus d’épaisseur au III avec des images superbes pour les Stigmates, sans que le rôle du chœur, plus menaçant que bienveillant, ne soit très clair.
L’idée-force de la mise en scène est un parallèle constant avec la nature : l’Ange est ainsi une mante religieuse, l’insecte (accompagné d’immenses vidéos) paraissant là encore plus menaçant que bienveillant tandis que Saint François se transforme en papillon après sa mort, avant de s’envoler vers les cintres. Le plus ennuyeux dans cette vision naturaliste où les personnages gesticulent est l’évacuation de toute dimension spirituelle, surtout du personnage principal qui devient un garçon sympathique avec qui on prendrait un café...
À ce titre, Michael Mayes est parfait, qui dégage une grande bonhommie. La voix est solide et le chanteur infatigable, mais il passe à côté du personnage plein de noblesse et de détachement voulu par Messiaen, en raison d’accents trop lyriques. Beate Ritter est un Ange à la voix souple, à l’aigu lumineux et à la grande tendresse en contraste avec son costume étincelant. Le Lépreux de Moritz Kallenberg fait également forte impression, tandis qu’Elmar Gilbertsson a la voix idéale pour Frère Massée face à une confrérie très homogène.
Les chœurs du Staatsoperoper ont réalisé un travail considérable, par cœur alors que dans bien des productions, les choristes ont la partition, et offrent une prestation magnifique. L’orchestre est également de la plus belle ouvrage. Dommage qu’on l’entende si éloigné à l’acte I du fait du dispositif scénique ou de la discrète sonorisation du II. Ce n’est qu’à l’acte III que, une fois vraiment en fosse, l’orchestre fait valoir toute sa superbe. La direction de Titus Engel s’adapte remarquablement aux contraintes mais sa lecture manque parfois d’émotion et de souffle.
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Staatstheater, Stuttgart Le 02/07/2023 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de Saint François d’Assise de Messiaen dans une mise en scène d’Anna-Sophie Mahler sous la direction de Titus Engel à l’Opéra de Stuttgart. | Olivier Messiaen (1908-1992)
Saint François d’Assise, Scènes franciscaines en trois actes et huit tableaux (1983)
Livret du compositeur
Chœur et Orchestre du Staatsoper de Stuttgart
direction : Titus Engel
mise en scène : Anna-Sophie Mahler
décors : Kathrin Connan
costumes : Pascale Martin
vidéo : Georg Lendorff
chorégraphie : Janine Grellscheid
Ă©clairages : Bernd Purkrabek
préparation des chœurs : Manuel Pujol
Avec :
Michael Mayes (Saint François), Beate Ritter (L’Ange), Moritz Kallenberg (Le Lépreux), Danylo Matviienko (Frère Léon), Elmar Gilbertsson (Frère Massée), Gerhard Siegel (Frère Élie), Marko Špehar (Frère Bernard), Elliott Carlton Hines (Frère Sylvestre), Anas Séguin (Frère Rufin). | |
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