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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Première au festival de Munich 2023 de Hamlet de Dean dans la mise en scène de la création de Neil Armfield, sous la direction de Vladimir Jurowski.

Munich 2023 (1) :
Hamlet décanté

© Wilfried Hösl

Après des représentations au Met l’année dernière, la venue à Munich de la production de la création du Hamlet de Brett Dean confirme son succès, nonobstant un déséquilibre irréconciliable entre les deux parties de l’opéra. Une magnifique distribution partiellement renouvelée et une direction mûrie décuplent l’éloquence des scènes les plus abouties.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 05/07/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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    L’écriture dense de Brett Dean trouve davantage d’espace et, de fait, ne sature jamais l’acoustique. L’effet surround de l’orchestration voulu par le compositeur perd sans doute en force : les deux groupes d’instruments satellites donnent une ambiance très stéréophonique. Mais ce qui frappe, c’est tout d’abord le déséquilibre entre les deux actes, le premier très long (1h50) et bavard ne se fixe qu’avec la scène de la représentation théâtrale à l’écriture vocale à la Britten et bénéficiant de la présence incisive d’un accordéoniste de génie, James Crabb.

    Auparavant, la fameuse scène du spectre manque de simplicité, le compositeur y met trop d’intentions et d’effets sonores. Pour que l’injonction du revenant porte, il eût fallu sans doute une mélodie ou un motif moins torturé. Ici son devancier Ambroise Thomas semble plus habile. En revanche, l’heure que dure le second acte enchaîne les scènes réussies voire saisissantes : folie d’Ophélie, fossoyeur, duel. Librettiste et compositeur trouvent ici une expression bien plus lisible.

    La mise en scène de Neil Armfield qui ne prend pas de parti interprétatif et use d’une grammaire très conventionnelle suit la même ascension dramatique. Il apparaît finalement que la grande qualité de cet opéra est de donner aux chanteurs des rôles en or. Une distribution quelque peu modifiée par rapport à celle de la création en est la brillante démonstration. Ainsi, l’excellent ténor Sean Panikkar donne un relief ardent à Laërte, faisant de la scène du duel avec Hamlet un climax absolument déchirant. En grande forme, Charles Workman ne démérite en rien en Polonius. Sophie Koch apporte plus de tranchant à Gertrude au prix d’une certain manque d’émotion.

    Le changement le plus important reste sans doute celui d’Ophélie : Caroline Wettergreen sort de sa réserve pour une scène de la folie alliant beau chant et délire vocal, mettant la salle à ses genoux. Sinon, Rod Gilfry continue de porter beau son veule Claudius, tandis que John Tomlinson offre royalement trois rôles dont celui du fossoyeur, véritable concentré shakespearien. Jacques Imbrailo, fidèle et empathique Horatio, bouleverse.

    Associé dès le début de la composition au processus d’écriture, Allan Clayton est ici complètement chez lui. Son Hamlet est un personnage d’une complexité folle. Le ténor dépasse sa tessiture de caractère pour un chant variant les registres avec une fluidité impressionnante. L’acteur est tout autant incroyable, capable d’accélérations foudroyantes comme de l’introspection la plus profonde. Enfin, la présence du chef de la création n’est sans doute pas étrangère au succès de la soirée.

    À Glyndebourne, Vladimir Jurowski avait reçu les dernières pages de la partition peu avant le début des répétitions. En comparant sa direction d’aujourd’hui avec la captation réalisée en 2017, on mesure toute la décantation qui s’est opérée. Une plus grande respiration décuple les effets des meilleures scènes. La rondeur de timbres des musiciens de l’Orchestre d’État de Bavière contribue également à la plénitude.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 05/07/2023
    Thomas DESCHAMPS

    Première au festival de Munich 2023 de Hamlet de Dean dans la mise en scène de la création de Neil Armfield, sous la direction de Vladimir Jurowski.
    Brett Dean (*1961)
    Hamlet, opéra en deux actes (2016)
    Livret de Matthew Jocelyn d’après la pièce de Shakespeare

    Chœurs de l’Opéra National de Bavière
    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Vladimir Jurowski
    mise en scène : Neil Armfield
    décors : Ralph Myers
    costumes : Alice Babidge
    Ă©clairages : John Clark
    chef des chœurs : Rustam Samedov

    Avec :
    Allan Clayton (Hamlet), Caroline Wettergreen (Ophélie), Rod Gilfry (Claudius), Sophie Koch (Gertrude), Charles Workman (Polonius), Jacques Imbrailo (Horatio), John Tomlinson (le Spectre, le Fossoyeur, un Joueur), Sean Panikkar (Laërte), Patrick Terry (Rosencrantz), Christopher Lowrey (Guildenstern), Andrew Hamilton (Marcellus).

     


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