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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Reprise de Boris Godounov de Moussorgski dans la mise en scène de Calixto Bieito, sous la direction de Vassili Petrenko au festival de Munich 2023.

Munich 2023 (2) :
Boris en excès de vitesse

© Wilfried Hösl

L’actualité interroge toujours la figure tourmentée et violente du tsar russe. C’est ainsi que la mise en scène de Boris Godounov par Calixto Bieito conserve toute son acuité en un spectacle très fort. Sa violence et ses béances pourraient toutefois être décuplées par une direction en accord, mais celle de Vassili Petrenko se presse trop pour cela.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 06/07/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • La mise en scène de Bieito qui fĂŞte ses dix ans n’a pas vraiment pris de ride. Sa lecture d’une Russie violente et mafieuse reste plus pertinente que jamais si l’on en croit certains analystes d’aujourd’hui. Le propos ramassĂ©, sans entracte, ne manque pas ses effets, particulièrement ceux prodiguĂ©s par ce mystĂ©rieux et sombre conteneur qui abrite les appartements du tsar et cache sans doute des trafics inavouables.

    Dans la première scène qui voit la foule manifester et se faire violemment réprimer, les pancartes brandies sont devenues vierges. On se rappelle qu’elles figuraient les portraient photographiques des grands du monde d’alors : Bush, Poutine, Blair, Berlusconi, Sarkozy, Abe… Une mise à jour n’était-elle pas envisageable et même souhaitable ? Il reste par ailleurs une faiblesse originelle dans la lecture de Bieito, celle d’anonymiser les personnages religieux de l’opéra. Pimène et les moines ne sont pas vraiment identifiables comme tels. Pourtant, le moins qu’on puisse dire est qu’aujourd’hui les patriarcats de l’Église orthodoxe n’ont pas du tout renoncé au pouvoir temporel.

    On se réjouissait d’entendre Vassili Petrenko diriger l’opéra. La déception n’en est que plus importante. Usant de tempos ultra-rapides, le chef mouline les scènes sans aucune ponctuation. Sans doute pense-t-il être en accord avec la fluidité de la mise en scène. Cela ôte tout caractère, toute couleur locale à la musique de Moussorgski. Les motifs associés à chacun des personnages sont moins identifiables. Un seul exemple illustre les effets d’une direction impavide : les interrogations du Fou passent de manière anecdotique et ne sont ni accusations ni prophétie. Chœur et orchestre perdent en couleurs, et les chanteurs ont pour la plupart des difficultés à installer leur personnage.

    Le Pimène de Vitali Kowaliov sonne trop clair, comme l’aubergiste de Rose Naggar-Tremblay. En revanche, Ryan Speedo Green confirme avec son Varlaam très en voix son talent émergent. Tant le Chtchelkalov de Sean Michael Plumb que le Grigori de Dmytro Popov font montre d’un chant irréprochable et d’une belle présence dramatique. Parmi les petits rôles, c’est le Mitioucha du jeune Tom Mole qui fait une impression indélébile : un baryton à la maturité déjà superlative et à la présence scénique rayonnante. Apparemment gêné par la rapidité des tempos, Gerhard Siegel en Chouïski est obligé de se montrer plus brutal que menaçant.

    Reprenant le rôle qu’il avait tenu lors de la création du spectacle, Alexandre Tsymbalyuk est le plus bouleversant des Boris, le plus musical aussi. La sensualité de sa voix se trouble de toutes les émotions, projette parfaitement les mots et use d’une palette dynamique maîtrisée. Finalement, il tire parti de la vélocité de la direction pour des scènes de panique plus vraies que nature, sans rien de l’histrionisme qu’y ont mis nombre de grands chanteurs. Son humanité se voile, se mêle à l’animalité. Le théâtre, la scène disparaissent, il ne reste qu’une incarnation inoubliable.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 06/07/2023
    Thomas DESCHAMPS

    Reprise de Boris Godounov de Moussorgski dans la mise en scène de Calixto Bieito, sous la direction de Vassili Petrenko au festival de Munich 2023.
    Modeste Moussorgski (1839-1881)
    Boris Godounov, opéra en quatre parties (1869)
    Livret de Modeste Moussorgski d’après la pièce de Pouchkine

    Chœurs de l’Opéra National de Bavière
    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Vassili Petrenko
    mise en scène : Calixto Bieito
    décors : Rebecca Ringst
    costumes : Ingo KrĂĽgler
    Ă©clairages : Michael Bauer
    préparation des chœurs : David Cavelius

    Avec :
    Alexandre Tsymbalyuk (Boris Godounov), Daria Proszek (Fiodor), Emily Pogorelc (Xenia), Christina Bock (la Nourrice), Gerhard Siegel (Prince Chouïski), Sean Michael Plumb (Andreï Chtchelkalov), Vitali Kowaliov (Pimène), Dmytro Popov (Grigori), Ryan Speedo Green (Varlaam), Brenton Ryan (Missaïl), Rose Naggar-Tremblay (l’Aubergiste), Kevin Conners (le Fou), Nikita Volkov (Nikititch), Thomas Mole (Mitioucha, un homme du peuple), Alekseï Kursanov (un Boyard), Christian Rieger (un Capitaine).

     


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