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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Nouvelle production de Guerre et Paix de Prokofiev dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Vladimir Jurowski au festival de Munich 2023.

Munich 2023 (3) :
Au crépuscule des hommes

© Wilfried Hösl

En présentant une version de Guerre et Paix expurgée de ses oripeaux nationalistes, Tcherniakov et Jurowski ramènent l’opéra vers le roman humaniste de Tolstoï. Une production qui fait date aussi par la conjonction parfaite de ses forces artistiques. Mise en scène et orchestre mettent comme jamais en valeur une distribution d’une qualité renversante.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 07/07/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Nul doute que cette production de Guerre et Paix ait Ă©tĂ© initiĂ©e bien avant l’invasion russe en Ukraine. Cet opĂ©ra emblĂ©matique du nationalisme en musique est rarement prĂ©sentĂ© du fait de ses très nombreux rĂ´les et de ses dĂ©fis scĂ©niques. Ă€ la gageure artistique et Ă©conomique s’est greffĂ©e aujourd’hui une sensibilitĂ© politique Ă©ruptive nĂ©cessitant des adaptations radicales. Le rĂ©sultat de ce travail entre les Ă©quipes de l’OpĂ©ra de Bavière, Vladimir Jurowski et Dmitri Tcherniakov est Ă©poustouflant.

    Le metteur en scène a choisi un décor unique magnifique : la salle de bal du palais Krimski, plus connue sous l’appellation de salle des colonnes de la Maison des syndicats de Moscou, depuis la fin du XVIIIe siècle haut lieu de la vie publique. Fidèle à ses habitudes, Tcherniakov y enferme tous les protagonistes pour observer ici une foule de réfugiés dont se détachent les personnages. Virtuose, sa direction d’acteurs joue du collectif comme du plus intime avec une grande lisibilité.

    Habile, il ne fait pas grande différence entre la paix fragile et la guerre : les personnages se débattent avec la vie dès le début, à l’instar d’un prince André à deux doigts de se faire sauter la cervelle. Dans la seconde partie, Tcherniakov a une idée de génie pour garder l’unité de lieux : le camp des Français est parodié par les Russes pour leur propre distraction. Napoléon, totalement excentrique, est réduit à ses symboles : le bleu-blanc-rouge, l’échiquier, la cuisine. Un ridicule bienvenu qui casse joyeusement le mythe.

    Le dernier coup de maître intervient à la fin : Koutouzov pourtant victorieux se couche sur un catafalque où l’on vient poser les drapeaux de l’Union soviétique. Pierre a les derniers mots de l’opéra tandis qu’une banda joue sur scène la fin écrite par le compositeur dans la première version de l’œuvre mais dans une version purement instrumentale, sans le chœur.

    Au diapason de cette vision d’un véritable opéra-monde, Vladimir Jurowski fait de l’orchestre un personnage à part entière et tire pleinement parti de l’écriture proprement cinématographique de Prokofiev. Les coupes qu’il a effectuées avec le metteur en scène resserrent certes la composition sur les protagonistes mais ce que nous ne voyons pas sur scène, nous l’entendons sans peine : les horreurs de la guerre sont dépeintes avec une force ahurissante, rendant presque irréelle la beauté de la valse qui traverse l’ouvrage.

    Sur le plateau, les quarante-et-un solistes et le chœur sont d’une présence et d’une homogénéité exceptionnelles. Il est émouvant de retrouver dans un petit rôle, l’inoubliable Natacha de la production Zambello de l’Opéra de Paris des années 2000, Olga Guryakova. Sergueï Leiferkus fait un prince Bolkonski pleinement désabusé tandis que la Maria Akhrossimova de Violeta Urmana n’a rien perdu de son lustre. Le ténor Bekhzod Davornov est le plus irrésistible des Kouraguine. On comprend d’autant la peine de Natacha d’avoir été cruellement trompée. Un rôle dont Olga Kulchynska tire avec sincérité déchirante toute la palette d’émotions.

    Le prince André d’Andreï Zhilikhovsky se montre au même niveau d’un chant immaculé et d’une expressivité bouleversante maîtrisée jusque dans la mort. Enfin, Arsen Soghomonyan finit d’installer son personnage au centre de l’œuvre. Formidablement lyrique, son Pierre représente l’espoir jamais abandonné d’une recherche du bonheur.




    Production visible sur ARTE Concert jusqu’au 5 septembre 2023.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 07/07/2023
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production de Guerre et Paix de Prokofiev dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Vladimir Jurowski au festival de Munich 2023.
    SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
    Guerre et Paix, opéra en treize tableaux (1952)
    Livret du compositeur et de Mira Mendelssohn d’après le roman de Tolstoï

    Chœurs de l’Opéra National de Bavière
    Orchestre d'État de Bavière
    direction : Vladimir Jurowski
    mise en scène et décors : Dmitri Tcherniakov
    costumes : Elena Zaytseva
    Ă©clairages : Gleb Filshtinsky
    préparation des chœurs : David Cavelius

    Avec :
    Andrei Zhilikhovsky (Prince André), Olga Kulchynska (Natacha), Arsen Soghomonyan (Pierre Bézoukhov), Alexandra Yangel (Sonia), Alexander Teliga (Comte Rostov), Victoria Karkacheva (Hélène), Bekhzod Davronov (Kouraguine), Violeta Urmana (Maria Akhrossimova), Olga Guryakova (une Dame d’honneur), Sergueï Leiferkus (Prince Bolonski), Christina Bock (Princesse Maria), Kevin Conners (l’Abbé, De Beausset, un Fou), Dmitry Ulyanov (Koutouzov), Tómas Tómasson (Napoléon), Bálint Szabó (Belliard, Davout), Dmitry Cheblykov (Denissov), Mikhail Gubsky (Platon), Aleksey Kursanov (Lieutenant Bonnet), Satnislav Kufluyk (Métivier, Maréchal Bertier).

     


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