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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre d’État de Bavière sous la direction de Vladimir Jurowski avec le concours de la soprano Marlis Petersen au festival de Munich 2023.
Munich 2023 (4) :
Jubilé de feu
Un court programme Richard Strauss nécessitant des effectifs réduits forme la matière originale d’une commémoration très réussie. En plein festival qui les sollicite quotidiennement, les musiciens de l’Orchestre d’État de Bavière montrent une éloquence irrésistible. Leur directeur musical fait des Métamorphoses le plus bel hommage qui soit à un artiste.
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Non seulement ce premier concert de jubilé célèbre les cinq cents ans de la création de l’ensemble qui est devenu l’Orchestre d’État de Bavière en 1918, mais l’on rend hommage ce soir à l’un de ses plus illustres directeurs musicaux, Wolfgang Sawallisch dont on commémorera le 26 août prochain le centenaire de la naissance. Vladimir Jurowski, l’actuel directeur musical de l’orchestre a choisi à cet effet un programme tout Richard Strauss, un compositeur que son prédécesseur avait particulièrement bien servi en ces murs. La première partie présente la très rare Sonatine n° 1 pour 16 instruments à vent.
Une composition appartenant à la dernière période du compositeur, ce qui saute aux oreilles dès le début de l’Allegro moderato qui évoque délicieusement l’opéra Capriccio. L’œuvre fourmille aussi de réminiscences gourmandes et s’articule aux moyens des glissades harmoniques typiques du compositeur. Les musiciens sonnent tout en rondeur mais savent également se montrer tour à tour pétillants et lyriques. Sans doute la direction très claire et fluide de Jurowski aide-t-elle cette œuvre qui n’a qu’un seul défaut, celui de regrouper un trop grand nombre d’idées. Le compositeur convalescent au moment de la composition n’avait rien perdu de son inspiration prodigue.
La première période du compositeur ouvre la seconde partie de programme avec les quatre Lieder formant l’ensemble Mädchenblumen. Ces mélodies sont présentées dans un arrangement récent pour soprano et petit ensemble de chambre. Ces courtes pièces de la période qui précède Salomé demandent un soprano très à l’aise dans le haut du registre. Marlis Petersen correspond parfaitement à cette tessiture et c’est un régal de l’entendre distiller les poésies très Jugendstil de Felix Dahn. Toutefois, le vibraphone requis par la transcription d’Eberhard Kloke apparaît à la fois anachronique et daté, une faute de goût un peu ridicule. Rien de déplacé en revanche dans les Métamorphoses qui complètent le programme.
Une pièce en relation directe avec l’Opéra de Bavière puisque la première esquisse a été écrite sous le coup de l’émotion de la destruction du Théâtre national en 1943. Souvent jouées de manière très sombre, elles sont ici abordées d’une manière plutôt inhabituelle : Jurowski semble les concevoir comme les réminiscences d’une vie tumultueuse et bien remplie. Les violons et altos jouent debout et ce sont tous les pupitres qui s’enflamment pour une interprétation alliant précision et lyrisme. C’est tout Strauss qui ressort une dernière fois et semble se consumer comme un feu de joie. Dans la dernière section qui n’est plus que cendres, Jurowski trouve enfin un recueillement qui n’en est que plus bouleversant.
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Nationaltheater, MĂĽnchen Le 08/07/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre d’État de Bavière sous la direction de Vladimir Jurowski avec le concours de la soprano Marlis Petersen au festival de Munich 2023. | Richard Strauss (1864-1949)
Sonatine pour 16 instruments à vent en fa majeur « Aus der Werkstatt eines Invaliden » (1943)
Mädchenblumen, op. 22 (1887)
Orchestration d’Eberhard Kloke (2021)
Marlis Petersen, soprano
Metamorphosen, Ă©tude pour 23 cordes solos (1945)
Orchestre d'État de Bavière
direction : Vladimir Jurowski | |
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