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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Fuminori Tanada au festival Messiaen au Pays de la Meije 2023.
Messiaen 2023 (3) :
Tanada en grâce
Souvent entendu en petite formation, notamment dans l’ensemble L’Itinéraire, le pianiste Fuminori Tanada se révèle dans la petite Église de la Grave être un excellent récitaliste, aussi fin pour aborder son propre Prélude que les Méditations de son professeur Yoshio Hachimura ou les pièces de Michaël Levinas et Tristan Murail.
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Né en 1961 au Japon et arrivé en France en 1984, Fuminori Tanada est aujourd’hui surtout connu en tant que pianiste de l’ensemble L’Itinéraire, mais aurait dû chercher à multiplier les récitals, tant il convainc cet après-midi d’été au Festival Messiaen dans la petite église de La Grave. Par un court Prélude écrit de sa propre main, il présente un doigté affirmé et rapide, d’abord sur la partie droite les deux mains serrées, avant d’évoluer vers la gauche du clavier et de laisser ressortir des vibrations dissonantes très marquées. Des petits trombones avaient été ajoutés sur les cordes du piano, que la tourneuse de page doit soigneusement retirer.
Le pianiste peut ensuite entrer avec une subtile sensibilité dans la Méditation Higan-Bana de son professeur et compatriote Yoshio Hachimura, mort à 46 ans en 1985. D’abord contemplative, la pièce se déploie ensuite parfois avec plus de tension, notamment dans les accords sombres de la parties grave, parfaitement mis en valeur par le pianiste ainsi que par l’acoustique de l’Église de la Grave.
Très finement abordées aussi, les Études de Michaël Levinas, maintenant au nombre de quatre, imposent de souvent plonger les mains dans les cordes, afin d’en modifier les harmoniques ou de rendre le son plus mat. Plus récente, la quatrième semble à la fois plus conventionnelle et moins appréhensible, laissant penser que les trois premières y gagnent à être présentées indépendamment.
De Messiaen, seul le Prélude n° 2 est proposé, Chant d’extase dans un paysage triste d’un jeune compositeur de 20 ans, magnifiquement joué par le fait que Tanada n’hésite pas à présenter la pièce comme ce qu’elle est : une partition de la fin de l’aire romantique, qui ne demande qu’à en sortir mais s’en voit encore bien imprégnée.
Beaucoup plus moderne bien qu’elle aussi écrite par un jeune homme d’à peine 30 ans, Territoire de l’oubli met en vigueur toute les recherches d’un Tristan Murail déjà en parfaite maîtrise de la forme et du matériau, qu’il cherche à faire éclater par ses recherches poussées sur le spectre et plus particulièrement ici sur les résonances. Un peu longue dans sa démonstration, la pièce n’en reste pas moins impressionnante, avec de magnifiques passages où sont mis en conflits des accords aigus et graves.
Malheureusement, Levinas comme Murail avaient dû quitter le Festival le matin même, ne pouvant profiter de cette très belle journée musicale, achevée au Dôme du Monêtier-les-bains par une pièce pour percussion de Hugues Dufour.
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Église, La Grave Le 29/07/2023 Vincent GUILLEMIN |
| RĂ©cital du pianiste Fuminori Tanada au festival Messiaen au Pays de la Meije 2023. | Fuminori Tanada (*1961)
Prélude
Yoshio Hachimura (1938-1985)
MĂ©ditation Higan-Bana
Michaël Levinas (*1949)
Quatre Ă©tudes
Olivier Messiaen (1908-1992)
Prélude n° 2 : Chant d’extase dans un paysage triste
Tristan Murail (*1947)
Territoires de l’oubli
Fuminori Tanada, piano | |
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