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| CRITIQUES DE CONCERTS |
27 avril 2024 |
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Nouvelle production de La Passion grecque de Martinů dans une mise en scène de Simon Stone et sous la direction de Maxime Pascal au festival de Salzbourg 2023.
Salzbourg 2023 (5) :
Plaidoyer contre le repli
Carton plein pour l’entrée au répertoire de Salzbourg de La Passion grecque de Bohuslav Martinů grâce à une parfaite cohésion entre mise en scène limpide, direction très dramatique et distribution un peu disparate mais hyper engagée. Le message de l’œuvre, plaidoyer contre les réflexes de repli face au phénomène des migrations, en ressort décuplé.
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Promesses de rue
Baguette exacerbée
Au clair de la nuit
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Martinů est toujours resté marginal à Salzbourg, si l’on excepte la création mondiale des Fresques de Piero della Francesca en 1956 par Rafael Kubelik et une version de concert de Juliette avec Lucia Popp en 1991. Sachant Markus Hinterhäuser très préoccupé par l’écho des œuvres dans le monde contemporain, la programmation a dû s’imposer du dernier des seize opéras du compositeur tchèque, basé sur le roman Le Christ recrucifié de Nikos Kazantzákis.
Dans le village fictif de Likovrissi en Anatolie, après la messe du Samedi saint, le prêtre Grigoris annonce pour Pâques suivant l’exécution d’un mystère sur la Passion et distribue les rôles aux habitants du village, qui prennent la chose très au sérieux. Survient alors un groupe de réfugiés grecs chassés de leurs terres, qui demandent asile. À leur tête, le prêtre Fotis s’étonne de la froideur de l’accueil de son homologue, qui joue sur la peur de ses ouailles.
La tension commence à monter entre les deux groupes, tandis que les habitants s’identifient de plus en plus à leur futur rôle dans la Passion. Le berger Manolios notamment, qui revendique l’héritage christique de l’accueil de ceux qui sont dans la souffrance, finit assassiné par Panaït, qui devait jouer Judas. Devant l’extrémité de ce geste, les réfugiés s’en vont. Une intrigue qui ne pouvait qu’entrer en résonance avec la vie de Martinů, plusieurs fois déraciné par les soubresauts de l’Histoire.
Cette géniale Passion grecque en quatre actes qui mêle psalmodies, prières et action plus opératique, le jeune Maxime Pascal la traite avec puissance et souffle, loin de tout style d’oratorio figé. Pour ses débuts avec le Philharmonique de Vienne, le directeur du Balcon fait sourdre le potentiel dramatique de l’orchestre dans des effets de masse parfaitement assénés, en alternance avec des textures quasi françaises, voire méridionales pour les vents.
La distribution finit par s’homogénéiser entre des voix aux émissions dissemblables, du Grigoris génialement buté de Gábor Bretz au Fotis renfrogné de Łukas Goliński, du Manolios évangéliste de Sebastian Kohlhepp au Yannakos(-Pierre) conquérant de Charles Workman, en passant par l’amoureuse Lenio idéalement naïve de Christina Gansch et la Katerina(-Marie Madeleine) vénéneuse de Sara Jakubiak. Dommage seulement que chacun prononce l’anglais à sa manière, jusqu’à l’accent de redneck texan de l’avare Ladas.
La mise en scène de Simon Stone, enfin, investit totalement le Manège des rochers avec des codes très simples. Contrastes des costumes d’abord entre l’uniformité des sédentaires et la bigarrure des réfugiés, qui tendent au fil de l’intrigue à s’intégrer par mimétisme chromatique. Symboles forts ensuite, comme cette chute d’eau source de vie, ce Christ-pantin gigantesque animé tel une manche à air pendant le cauchemar de Manolios, le slogan « Refugees out ! » peint en direct sur le décor ou la mare de sang du meurtre final. Sans oublier la présence des animaux convoqués par le livret, dont l'irrésistible petite ânesse Elli, au service d’un propos universel, qui occasionne un triomphe.
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Felsenreitschule, Salzburg
Le 18/08/2023
Yannick MILLON |
| | Nouvelle production de La Passion grecque de Martinů dans une mise en scène de Simon Stone et sous la direction de Maxime Pascal au festival de Salzbourg 2023. | Bohuslav Martinů (1890-1959)
The Greek Passion, opéra en quatre actes (1959)
Livret du compositeur d’après le roman Le Christ recrucifié de Nikos Kazantzákis
Version révisée pour l’opéra de Zurich, créée en 1961
Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
direction : Maxime Pascal
mise en scène : Simon Stone
décors : Lizzie Clachan
costumes : Mel Page
éclairages : Nick Schlieper
préparation des chœurs : Wolfgang Götz & Huw Rhys James
Avec :
Gábor Bretz (Grigoris), Sebastian Kohlhepp (Manolios), Sara Jakubiak (Katerina), Charles Workman (Yannakos), Christina Gansch (Lenio), Matteo Ivan Rašić (Andonis), Matthäus Schmidlechner (Michelis), Alejandro Baliñas Vieites (Kostandis), Julian Hubbard (Panaït), Aljoscha Lennert (Nikolio), Helena Rasker (une vieille femme), Luke Stoker (Patriarcheas), Robert Dölle (Ladas), Łukas Goliński (Fotis), Scott Wilde (un vieillard), Teona Todua (Despinio).
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