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CRITIQUES DE CONCERTS 05 octobre 2024

Nouvelle production de Madame Butterfly de Puccini dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Yi-Chen Lin au festival de Bregenz 2023.

Bregenz 2023 :
Une feuille sur l’eau

© Ralph Larmann

Magnifique production d’Andreas Homoki pour cette Butterfly sur le lac de Constance, qui repose sur un spectaculaire décor de Michael Levine et ménage des images saisissantes tout en préservant l’intimité de l’action. Si les voix sont seulement honorables, l’extraordinaire direction de Yi-Chen Lin rend justice à une partition encore mésestimée.
 

SeebĂĽhne, Bregenz
Le 20/08/2023
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • Bregenz, son cadre enchanteur au bord du Bodensee, son immense scène sur l’eau, ses gradins accueillant 7000 spectateurs, autant avouer qu’on y vient surtout pour le spectacle et disons-le d’emblĂ©e : la rĂ©ussite de cette Butterfly est notable. Andreas Homoki rĂ©ussit Ă  allier l’épure au spectaculaire. Le splendide dĂ©cor de Michael Levine reprĂ©sente une feuille de papier froissĂ©e parsemĂ©e d’estampes, que magnifient les Ă©clairages de Frank Evin. L’ensemble est ainsi tantĂ´t lumineux et chaud, tantĂ´t d’une froideur glaciale, notamment pour le sublime chĹ“ur Ă  bouche fermĂ©e de la fin du II oĂą la feuille se transforme en iceberg flottant sur le lac. Saisissant.

    Évoquant avec finesse le monde japonais, la feuille est d’emblée transpercée par Pinkerton puis par un drapeau américain au sommet d’un gigantesque mat dominant l’ensemble. Le message est on ne peut plus clair et l’image percutante. Le retour de Pinkerton finira de détruire ce monde de rêve : après le suicide de Butterfly, la feuille s’enflamme (vidéo tout d’abord puis véritables flammes sur l’accord final), faisant fuir Pinkerton, magnifique image d’un monde qui disparaît, détruit par la légèreté d’un jeune inconscient, autant acteur que victime lui-même du drame.

    Malgré un grand nombre de figurants, choristes et danseurs, l’intimité est préservée hormis quelques moment où Homoki s’est senti obligé de rajouter du mouvement là où il n’était pas forcément nécessaire. Il est vrai que la scène est immense et il faut bien la faire vivre. Dommage cependant que les principaux protagonistes en arrivent parfois à trop gesticuler.

    Les bonheurs musicaux n’auront pas été aussi marquants du côté des voix. Elena Guseva dans le rôle-titre affiche un matériau assez opulent, typiquement slave, qui fait pencher le personnage davantage vers Tosca. Si l’aigu manque d’éclat et d’ouverture, le chant n’en reste pas moins assez probe, notamment par de belles attaques et un legato soigné.

    Lukasz Zalęski campe un Pinkerton assez claironnant et brut, ce qui n’est certes pas un contresens, mais le duo d’amour du I en souffre quelque peu avec un chant plus débraillé. La Suzuki d’Aytaj Shikhalizada apporte une finesse et une sobriété bienvenues tout comme le Sharpless d’Yngve Søberg, malgré un timbre nasal. Taylan Reinhard en Goro est par contre un parfait (plongeon dans le lac inclus !) tout comme le reste de la distribution. Notons une sonorisation qui accentue trop les harmoniques graves des voix, cédant à un fâcheux effet de mode.

    Mais le plus grand bonheur musical vient du Chœur philharmonique de Prague et de l’Orchestre symphonique de Vienne qui brille notamment par un pupitre de cordes somptueux et un hautbois à fendre l’âme. Plus notable encore est la direction de Yi-Chen Lin qui magnifie la partition de Puccini. Le travail sur le timbre, les couleurs et le dramatisme des situations sont admirables. On note encore des détails saisissants – chœur à bouche fermé là encore, accompagné par un violon solo sans vibrato, portamenti des violons dans le duo des fleurs du III – qui rendent la soirée captivante.




    SeebĂĽhne, Bregenz
    Le 20/08/2023
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production de Madame Butterfly de Puccini dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Yi-Chen Lin au festival de Bregenz 2023.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Madama Butterfly, opéra en 3 actes (1904)
    Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa

    Prager Philharmonischer Chor
    Bregenzer Festspielchor
    Danseurs du Bregenzer Festspiele
    Wired Aerlial Tehatre
    Wiener Symphoniker
    direction : Yi-Chen Lien
    mise en scène : Andreas Homoki
    décor : Michael Levine
    costumes : Antony McDonald
    Ă©clairages : Frank Evin
    vidéo : Luke Halls
    chorégraphie : Lucy Burge
    préparation des chœurs : Lukás Vasilek & Benjamin Lack

    Avec :
    Elena Guseva (Butterfly), Lukasz Zalęski (Pinkerton), Aytaj Shikhalizada (Suzuki), Yngve Søberg (Sharpless), Taylan Reinhard (Goro), Omer Kobiljack (Yamadori), Sabine Winter (Kate Pinjerton), Stanislav Vorobyov (Bonzo), Matthias Hoffmann (le commissaire), Aurel Boss (l’enfant).

     


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