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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël sous la direction de Lahav Shani, avec le concours du violoniste Gil Shaham à la Philharmonie de Paris.
Reconstruction musicale
La visite de l’Orchestre philharmonique d’Israël et de son chef Lahav Shani à la Philharmonie de Paris montre que la nomination de ce dernier a été judicieuse. La formation retrouve homogénéité et discipline, et offre un concert d’une belle musicalité tant dans Brahms que dans Tchaïkovski avec un Gil Shaham toujours aussi charmeur.
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Depuis sa dernière visite à Paris en septembre 2019, l’Orchestre philharmonique d’Israël a changé de chef. Nommé en 2020, Lahav Shani est le premier directeur musical de la formation né en Israël mais sa formation est pour l’essentiel berlinoise, notamment auprès de Daniel Barenboïm. Si le programme qu’il dirige ce soir n’offre aucune surprise, il permet de mesurer le chemin accompli en trois saisons.
Dès l’Allegro moderato du Concerto pour violon de Tchaïkovski, une belle cohésion des pupitres se fait entendre. L’orchestre qui nous avait laissé une impression très mitigée, a retrouvé une vertu cardinale, celle de l’écoute entre les musiciens. D’autant que le jeu du soliste, le volubile Gil Shaham, demande un accompagnement sur mesure, tant le violoniste présente une interprétation personnelle de ces pages.
Toute en finesse, sa sonorité lumineuse exige en regard des nuances dynamiques délicates de la part de la masse orchestrale. L’artiste fait aussi usage d’une grande liberté rythmique, musardant pour déguster tel ou tel passage avant de reprendre sa déambulation émaillée de traits virtuoses. Shani et ses musiciens veillent avec une fluidité remarquable à la continuité de l’ensemble avec un résultat d’une fraîcheur très émouvante. La même musicalité marque la Symphonie n° 1 de Brahms en seconde partie de programme.
Nombre de pupitres changent alors de solistes, à l’instar de Ylia Konovalov qui cède sa chaise de premier violon à son collègue (et ancien élève) Dumitru Pocitari. Avec une gestique économe et précise, sans baguette, Shani construit une interprétation veillant aux voix intermédiaires tout en gardant une belle carrure rythmique. À entendre comment le développement thématique circule parmi les pupitres on comprend que le chef a réussi à reconstituer dans l’orchestre ce qu’un botaniste appellerait le mycélium, ce réseau souterrain qui relie ses membres les aux autres.
Les mouvements médians sont particulièrement réussis, notamment grâce aux cordes et à une clarinette chaleureuse. Si la direction expose tous les conflits traversant le vaste Finale, son orchestre montre alors quelques limites d’endurance et de timbres qui cependant n’entachent nullement le choral conclusif. En bis, une Romance sans paroles de Mendelssohn tendrement orchestrée par le maestro offre un joli contraste. Une Pizzicato Polka des frères Strauss chaleureusement débraillée conclut la soirée.
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Philharmonie, Paris Le 12/09/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël sous la direction de Lahav Shani, avec le concours du violoniste Gil Shaham à la Philharmonie de Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 35 (1878)
Gil Shaham, violon
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 1 en ut mineur op. 68 (1876)
Orchestre Philharmonique d’Israël
direction : Lahav Shani | |
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