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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Nouvelle production de La Walkyrie de Wagner dans une mise en scène de Benedikt von Peter et sous la direction de Jonathan Nott au Théâtre de Bâle.
Ring Bâle (2) :
Passages à l’acte
Le second volet de cette tétralogie bâloise ne déçoit nullement après les promesses de la veille. Scéniquement, les choix opérés Benedikt von Peter se renforcent tandis que chanteurs et orchestre montrent une musicalité de premier ordre. Si cela se confirme avec les deux derniers opéras à l’automne 2024, on tiendra là un Ring exceptionnel.
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Pour cette Première journée de la Tétralogie, nous retrouvons le même dispositif et les mêmes éléments de décors que pour le prologue donné la veille. Son déroulé confirme la justesse des options de Benedikt von Peter, en particulier celle de faire apparaître les personnages même lorsqu’ils ne figurent pas dans les didascalies. Ainsi par exemple Hanna Schwarz alias Erda vient-elle au II prendre dans ses bras Brünnhilde pour la consoler. Cela permet de souligner le sous-texte car l’orchestre a juste à ce moment là une phrase d’une tendresse indicible.
Froh et Donner sont là aussi, prompts à obéir à Fricka qui reste au III, veillant à ce que son mari tienne pour une fois ses engagements. L’exauçant au-delà de la promesse d’abandon, Wotan tuera même sa fille Sieglinde d’un coup de lance, écart violent avec le livret mais qui ne pose pas de problème dramaturgique puisque Siegfried est déjà né. À la toute fin de l’opéra, le garçonnet qui a un peu grandi est emmené vers la forêt par Mime. Brünnhilde, meurtrie par tant de violence, a été laissée seule dans la maison familiale abandonnée. Elle échappe in extremis à l’incendie commandité par le père infanticide. Avec cette fin digne des meilleures séries, le spectateur est tenu en haleine jusqu’au prochain volet.
Les qualités de distribution de ce Ring se confirment. Nathan Berg présent dès le premier acte est un acteur aussi captivant que le chanteur. Les grands duos du II font entendre un art consommé de la diction tandis que le timbre rougeoie pour la colère au III. Solenn’ Lavanant Linke séduit définitivement avec sa Fricka inflexible. Présence scénique colossale avec ses 2m08, Artyom Wasnetov ne déçoit pas en Hunding avec une émission impeccable. Les jumeaux qu’on avait vus muets dans le prologue se révèlent passionnés.
Theresa Kronthaler fait une Sieglinde à la grande personnalité, sa voix de mezzo-soprano donnant des résonnances effrayantes à ses cauchemars. Ric Furman frappe par la beauté et l’égalité de son timbre. Il tient en outre magnifiquement ses Wälse et lance un Wälsungen Blut d’un lyrisme éclatant comme le dernier feu d’un espoir brisé net. Trine Møller est l’autre révélation de cette production. Sa Brünnhilde d’une superbe richesse harmonique touche au cœur. Elle est rejointe par d'autres Walkyries après ses premiers Hojotoho !, une pratique rarissime mais à laquelle Karajan avait systématiquement recours dans sa production viennoise entre 1957 et 1963 !
L’ensemble des huit Walkyrie parachève cette réussite : le groupe est plein de pétulance vocale et déchaîné scéniquement. Leur Chevauchée fourmille de détails que l’orchestre souterrain laisse apparaître et l’on s’émerveille de la coordination sans faille. Plus encore que la veille, l’Orchestre symphonique de Bâle séduit par la qualité de ses pupitres. La direction de Jonathan Nott suit au plus près les évolutions émotionnelles des personnages mais sait aussi emporter le drame dans ses fulgurantes accélérations.
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Theater, Basel Le 24/09/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Nouvelle production de La Walkyrie de Wagner dans une mise en scène de Benedikt von Peter et sous la direction de Jonathan Nott au Théâtre de Bâle. | Richard Wagner (1813-1883)
Die Walküre, Première journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1856)
Livret du compositeur
Orchestre symphonique de Bâle
direction : Jonathan Nott
mise en scène : Benedikt von Peter
décors : Natascha von Steiger
costumes : Katrin Lea Tag
Ă©clairages : Roland Edrich
Avec :
Ric Furman (Siegmund), Theresa Kronthaler (Sieglinde), Artyom Wasnetsov (Hunding), Trine Møller (Brünnhilde), Nathan Berg (Wotan), Solenn’ Lavanant Linke (Fricka), Lucie Peyramaure (Helmwinge), Sarah Marie Kramer (Gerhilde), Sarah Brady (Ortlinde), Jasmin Etezadzadeh (Waltraute), Valentina Stadler), Camille Sherman (Rossweisse), Sophie Kidwell (Grimgerde), Marta Herman (Schwertleite). | |
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