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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Reprise du Couronnement de Poppée dans la mise en scène de Ted Huffman sous la direction de Damien Guillon à l’Opéra de Rennes.
Le Couronnement renouvelé
Créée en 2022 au festival d’Aix-en-Provence, la production de Ted Huffman pour Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, avec son imposant tube blanc et noir, apparaît cette saison à Rennes avec une équipe musicale presque intégralement renouvelée, exaltée par le couple Néron-Poppée de Catherine Trottmann et Ray Chenez, sous la direction de Damien Guillon.
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Surplombée d’un imposant tube blanc et noir présent comme pour marquer pendant toute l’œuvre la dualité bien-mal, la production de Ted Huffman retrouve avec une nouvelle distribution pour Rennes une force dramaturgique perçue à Aix l’année dernière. La lecture du drame se veut actuelle, avec un traitement particulier des scènes d’amour et de mort, pour rendre toujours contemporain le livret de Busenello écrit il y a presque quatre cents ans.
Malgré l’opposition évoquée, les rapports sur scène se veulent toujours fragiles et les différences ténues entre hommes et dieux et même hommes et femmes, une ambivalence déjà mise à mal en soi dans la partition par le travestissement et le recours à la voix d’alto masculine. Puisque c’est un contre-ténor qui tient la Nourrice et Arnalta de sa belle voix de tête, Huffman rend poreux et flous les frontières et les rapports de force, toujours limité au cadre de scène dont les acteurs-chanteurs ne sortent jamais, posés seulement parfois au fond ou de côté pour rester spectateur omniscient.
Sensuels, les baisers sont majoritairement échangés par le couple Néron-Poppée, dont les accolades n’empêchent pas quelques incartades, parfois entre hommes ou avec les dieux. À l’Othon toujours bien présent de Paul-Antoine Bénos-Djian et au Licteur du chanteur-danseur Yannis François près, l’intégralité de la distribution d’Aix a été renouvelée, pour offrir maintenant les deux grands rôles aux aigus lumineux de la soprano Catherine Trottmann et à la pureté du chant du contre-ténor Ray Chenez.
Plus bas dans le spectre, le contre-ténor Paul Figuier campe Arnalta et surtout une magnifique Nourrice, tandis que Camille Poul prend à l’inverse l’habit d’un homme pour chanter le valet. Très présent par ses graves, Adrien Mathonat a beaucoup d’impact en Senèque, dont il décuple la mort, tandis que Victoire Bunel offre de l’ascendant à La Vertu puis à Octavie face à la Fortune et Drusilla plus veloutées de Maïlys de Villoutreys.
En fosse, pour reprendre la partition dirigĂ©e par Leonardo GarcĂa AlarcĂłn Ă Aix, Damien Guillon dĂ©bute sa dernière saison de directeur musical du Banquet CĂ©leste en dirigeant du clavecin un ensemble parfaitement adaptĂ© au baroque vĂ©nitien, duquel on ne peut que regretter de ne pas entendre plus de parties de flĂ»te de Julien Martin, et oĂą l’on profite avant tout du continuo des thĂ©orbistes AndrĂ© Henrich et Diego Salamanca, ainsi que des nombreuses parties d’orgue de Kevin Manent Navratil.
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Opéra, Rennes Le 01/10/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise du Couronnement de Poppée dans la mise en scène de Ted Huffman sous la direction de Damien Guillon à l’Opéra de Rennes. | Claudio Monteverdi (1567-1643)
L’Incoronazione di Poppea, opéra en trois actes et un prologue
Livret de Giovanni Busenello d’après Les Annales de Tacite
Le Banquet CĂ©leste
direction : Damien Guillon
mise en scène : Ted Huffman
décors : Johaness Schütz & Anna Wörl
costumes : Astrid Klein
Ă©clairages : Bertrand Couderc
mouvements : Pim Veuling
Avec :
Catherine Trottmann (Poppea), Ray Chenez (Nerone), Victoire Bunel (Ottavia/Virtù), Paul-Antoine Bénos-Djian (Ottone), Adrien Mathonat (Seneca), Paul Figuier (Arnalta / Nutrice / Famigliare I), Maïlys de Villoutreys (Fortuna / Drusilla), Camille Poul (Amore / Valletto), Sebastian Monti (Lucano / Soldato I / Famigliare II), Thibault Givaja (Liberto / Soldato II), Yannis François (Littore / Famigliare III). | |
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