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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Récital de la soprano Anna Netrebko accompagnée par le pianiste Pavel Nebolsin à la Philharmonie de Paris.
Splendeurs intègres
En récital avec un programme intégralement russe, Anna Netrebko montre qu’elle n’a rien perdu de sa superbe, notamment dans l’aigu, en plus d’offrir à la Philharmonie de Paris un chant ample, porté par une grande générosité vers tous les côtés de la scène, tandis que Pavel Nebolsin s’affiche en accompagnateur idéal pour la partie pianistique.
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Sans le moindre accroc contrairement à la saison passée, où quelques pro-ukrainiens s’étaient fait remarquer, Anna Netrebko revient à la Philharmonie de Paris avec un programme intégralement russe, dont une partie avait déjà été entendue à Salzbourg en 2009 avec Daniel Barenboïm.
Intégralement consacrée à Rimski-Korsakov, la première moitié du récital montre comme la voix s’est élargie en une décennie, sans perdre en stabilité, notamment dans l’aigu, et comme elle permet à la soprano russe d’emplir une Philharmonie réputée compliquée pour le chant. Très fine dans Ce dont je rêve en secret, op. 40 n° 3 pour débuter, elle donne ensuite l’Opus 43, en commençant comme toujours par le n° 2 avant le n° 1.
Puis Pavel Nebolsin, parfaitement adapté aux sonorités slaves par la couleur comme par la sentimentalité, attaque avec puissance Les Monts de Géorgie, où Netrebko devient ensorceleuse, se baladant sur toute la scène pour enchanter tous les publics, sans jamais délaisser ceux de côté ni d’arrière-scène, sans non plus que cela n’empêche, d’où que l’on soit placé, de profiter d’un chant plein et parfaitement projeté.
L’extrait du Coq d’or et surtout la scène finale de Snegourotchka ne sont pas aussi adaptés à sa voix actuelle, bien que la chanteuse y mette encore une belle sensibilité, et se démarque par des aigus magnifiquement tenus. Les interruptions permanentes par les applaudissements comme une légère linéarité de l'émission limitent les deux chants de l’opus 56, et convie à une deuxième partie avec davantage de touffeur au piano, grâce à quatre mélodies de Rachmaninov.
La robe a changé, passée de bleue cyan à noire, mais Netrebko déploie toujours la même générosité. Agile, le toucher de Nebolsin se montre peut-être un peu trop fin pour le compositeur du XXe, alors qu’il convient parfaitement à la mélancolie de Tchaïkovski en dernière partie. Sensibles dans Oublier si vite, les deux artistes deviennent larmoyants dans Nuits de folie, avant de raviver le public par une aguicheuse Sérénade op. 63 n° 6.
Trois chants dont les n° 7 et 6 de l’Opus 47 concluent ce récital d’une grande maîtrise, souvent splendide et touchant, avant un bis, étonnamment unique là où on pouvait en attendre plusieurs d’Anna Netrebko : un extrait de la deuxième scène de l’opéra Francesca da Rimini.
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Philharmonie, Paris Le 11/10/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Récital de la soprano Anna Netrebko accompagnée par le pianiste Pavel Nebolsin à la Philharmonie de Paris. | Rimski-Korsakov, Rachmaninov, Tchaïkovski
Anna Netrebko, soprano
Pavel Nebolsin, piano | |
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