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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Nouvelle production de La Femme sans ombre de Strauss dans une mise en scène de Mariusz Trelinksi et sous la direction de Daniele Rustioni en ouverture de saison de l’Opéra de Lyon.

Le cauchemar de l’Impératrice
© Bertrand Stofleth

Pour son entrée au répertoire de l’Opéra de Lyon un siècle après sa création à Vienne, La Femme sans ombre est parée d’une distribution honorable, de la direction plus affûtée que lyrique de Daniele Rustioni face à une orchestration allégée et de la mise en scène aux relents horrifiques de Mariusz Trelinski, qui creuse la psyché d’une Impératrice en proie à la terreur.
 

Opéra national, Lyon
Le 22/10/2023
Yannick MILLON
 



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  • Après un très bref prologue sonore baignant les spectateurs dans une atmosphère d’angoisse sourde, reproduite au dĂ©but du II, Mariusz Trelinski campe l’intrigue de La Femme sans ombre dans un dĂ©cor sur tournette faisant alterner loft rempli de plantes tropicales et teinturerie aux murs de briques lĂ©prosĂ©s, avec une salle d’eau comme sas de chaque cĂ´tĂ©.

    Le Polonais explore la psyché torturée d’une Impératrice qui cherche à s’ouvrir les veines dès le lever de rideau, et terminera l’opéra seule, vieillie, un poupon en plastique dans les mains comme pour annuler le happy end de l’opéra, après avoir vécu les apparitions du faucon et des enfants à naître comme l’irruption de créatures de cauchemar. Le décor se déstructure au III autour d’un autel sacrificiel sous un énorme cocon de pierre. Glauque et évacuant toute la moitié lumineuse de l’ouvrage, le spectacle se regarde avec intérêt et bénéficie au moins d’une scénographie soignée.

    Par une forme de cohérence, le merveilleux, le lyrisme ne sont pas non plus la préoccupation majeure de Daniele Rustioni, qui doit, en raison de la taille limitée de la fosse lyonnaise, diriger un arrangement pour formation réduite. Sans surprise, la matière sonore, dans l’acoustique assez mate de l’Opéra Nouvel, manque souvent de chair, de liant et d’assise. L’Orchestre de l’Opéra, qui fête ses quarante ans, n’a pourtant jamais sonné avec une telle aisance dans un répertoire aussi périlleux, en dépit d’une légère fatigue des bois en fin de représentation.

    C’est surtout l’arsenal de percussions, grosses comme petites, qui manque de mise en avant, et notamment les cliquetis du premier interlude, marque de fabrique du Strauss de la Première Guerre mondiale. Le chef italien joue la théâtralité, la clarté des vents et de cordes en nombre insuffisant mais bien dressées, plutôt que la chaleur, l’ampleur et la tendresse.

    Affûtée par la fosse, la distribution laisse deux incarnations majeures : la Nourrice de Lindsay Ammann, fracassante du haut en bas du spectre, aigus maléfiques d’une jubilation morbide et grave abyssal, et le Barak de Josef Wagner, grande voix noble et riche, d’une diction, d’un legato et d’une onction suprêmes, phrasant avec l’éloquence d’un violoncelle.

    On ne peut en dire autant de l’Empereur de Vincent Wolfsteiner, authentique stature de Heldentenor jusqu’à un vaillant contre-ut, mais entravé de lézardes dont un souffle bien court. Surtout, le ténor originaire de Munich chante sans énergie autre que celle de l’émission, sans ligne ni phrasé, chaque son ânonné de manière pataude.

    Enfin, véritable erreur de distribution, l’incendiaire Sarah Jakubiak a encore plus de dureté que la Femme déjà cinglante d’Ambur Braid, dont les traces de lumière dans le timbre et la corporalité quasi animale rendent bien la dualité de la Teinturière, quand l’Impératrice, dotée d’un vrai matériau de cuirassé Potemkine, explose en volume comme en caractère – et sans même tenter le contre-ré de son entrée – le délicat format de l’un des plus beaux rôles écrits par Strauss.




    Opéra national, Lyon
    Le 22/10/2023
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de La Femme sans ombre de Strauss dans une mise en scène de Mariusz Trelinksi et sous la direction de Daniele Rustioni en ouverture de saison de l’Opéra de Lyon.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Die Frau ohne Schatten, opéra en trois actes op. 65 (1919)
    Livret de Hugo von Hofmannsthal
    Adaptation orchestrale de Leonard Eröd (2023)

    Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Lyon
    direction : Daniele Rustioni
    mise en scène : Mariusz Trelinski
    décors : Fabien Lédé
    costumes : Marek Adamski
    Ă©clairages : Marc Heinz
    préparation des chœurs : Benedikt Kearns

    Avec :
    Vincent Wolfsteiner (L’Empereur), Sara Jakubiak (L’Impératrice), Lindsay Ammann (La Nourrice), Josef Wagner (Barak), Ambur Braid (La Femme de Barak), Julian Orlishausen (Le Messager des Esprits), Robert Lewis (Le Jeune Homme), Giulia Scopelliti (Le Faucon / Le Gardien du seuil du Temple), Thandiswa Mpongwana (Une voix d’en-haut), Pawel Trojak (Le Borgne), Pete Thanapat (Le Manchot), Robert Lewis (Le Bossu).

     


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