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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Création française de Macbeth Underworld de Pascal Dusapin dans une mise en scène de Thomas Jolly et sous la direction de Franck Ollu à l’Opéra Comique, Paris.
Demain ne signifie rien
Le huitième opéra de Pascal Dusapin, Macbeth Underworld, arrive enfin à l’Opéra Comique après avoir été créé à La Monnaie de Bruxelles en 2019. Demain ne signifie rien, et pour cause : l’œuvre reprend les scènes marquantes de la pièce de Shakespeare et les fait revivre indéfiniment au couple Macbeth, tel Sisyphe avec son rocher.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 08/11/2023
Chloë ROUGE
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Sombre forêt habitée de créatures inquiétantes, ruines remplies de fantômes et de spectres, voilà à quoi ressemble l’antichambre des enfers dans laquelle évoluent Macbeth et Lady Macbeth, condamnés à revivre les atrocités de leur vie mortelle. En optant pour un opéra en un prologue et huit chapitres, Pascal Dusapin prend le parti de la fluidité. Cela donne l’occasion au metteur en scène, Thomas Jolly, de proposer une scénographie gothique très cinématographique dont les décors ne sont pas sans rappeler l’univers de Tim Burton.
Les détails du décor sur des plateformes tournantes (un cheval pâle en bois pour l’Apocalypse, un miroir où personne ne se reflète) ainsi que le magnifique et suggestif jeu de lumières d’Antoine Travert amènent volontiers le spectateur à plonger dans un univers horrifique cohérent. Au bout d’une heure cependant, le mécanisme du plateau devient quelque peu redondant et perd de son efficacité.
La musique de Pascal Dusapin, composée essentiellement de superpositions de longues tenues, s’élève jusqu’à la stridence pour systématiquement retourner aux limbes. Elle signale à la fois l’impossible rédemption des époux, comme l’envie irrépressible de sang et de meurtre de Macbeth. Cette partition, aux percussions multiples, apporte une atmosphère propice aux lignes souvent déstructurées des chanteurs.
Dévolue à Lady Macbeth, une berceuse accompagnée d’un archiluth – une véritable trouvaille sonore – marque un temps d’arrêt dans la folie effrénée des abîmes. Dans le reste de l’œuvre, la mezzo Katarina Bradić campe une épouse en proie aux remords à laquelle correspond bien son timbre plein et à l’aise dans l’aigu. Pour Macbeth, incarné par Jarrett Ott, Pascal Dusapin n’a pas ménagé la ligne vocale qui s’étend sur plusieurs registres et amène plusieurs fois le baryton en voix de tête. Un effet saisissant convoqué avant le régicide pour montrer la hargne du personnage, qui s’amenuise au fil de l’opéra pour ramener Macbeth à son impuissance.
Les courtes expressions du livret en anglais de Frédéric Boyer donnent un relief particulier aux protagonistes, notamment à Lady Macbeth : « Suppose que nous ne puissions aimer, mon chéri », qui s’attache au souvenir d’un enfant qu’elle n’a jamais eu. Rachel Masclet incarne celui-ci avec une voix sans vibrato, presque déshumanisée, à faire pâlir Macbeth.
Aux côtés du couple, les Trois sœurs étranges (Maria Carla Pino Cury, Mélanie Boisvert, Melissa Zgouridi) apportent la touche de folie en se délectant du malheur des amants. Elles sont accompagnées des sorcières du chœur accentus qui magnifient le talent de Pascal Dusapin pour l’écriture des chœurs.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 08/11/2023 Chloë ROUGE |
| Création française de Macbeth Underworld de Pascal Dusapin dans une mise en scène de Thomas Jolly et sous la direction de Franck Ollu à l’Opéra Comique, Paris. | Pascal Dusapin (*1955)
Macbeth Underworld, opéra en huit chapitres (2019)
Livret de Frédéric Boyer d’après Shakespeare
Chœur accentus
Orchestre de l’Opéra de Lyon
direction : Franck Ollu
mise en scène : Thomas Jolly
décors : Bruno de Lavenère
costumes : Sylvette Dequest
Ă©clairages : Antoine Travert
préparation des chœurs : Richard Wilberforce
Avec :
Katarina Bradić (Lady Macbeth), Jarrett Ott (Macbeth), Maria Carla Pino Curi, Mélanie Boisvert, Melissa Zgouridi (Weird Sisters), Hiroshi Matsuin (Fantôme), John Graham Hall (Portier / Hécate), Rachel Masclet (L’Enfant). | |
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