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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
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Nouvelle production de Béatrice et Bénédict de Berlioz dans une mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau sous la direction de Sascha Goetzel à l’Opéra de Rennes.
L’effervescence de Berlioz
Transposé dans les années 1980 par la mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau, Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz retrouve le même dynamisme à l’Opéra de Rennes qu’il y a un mois à l’Opéra de Nantes, avec une distribution et un chœur joueurs sous l’effervescence de l’Orchestre national de Bretagne dirigé par Sascha Goetzel.
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Avec Beaucoup de bruit pour rien, Berlioz trouve chez Shakespeare une comédie inattendue dont il rédige lui-même le livret, pour ce qui s’apprête à devenir son ultime chef-d’œuvre. C’est donc étonnamment avec un opéra-comique qu’il tire sa révérence au monde lyrique, sept ans avant sa propre mort.
Drôle et surprenant, Béatrice et Bénédict nécessite avant tout d’être porté par la scène, ce pour quoi le directeur de l’Opéra de Rennes Matthieu Rietzler ne s’est pas trompé en proposant le nom de Pierre-Emmanuel Rousseau, qui transpose la Sicile de l’ouvrage dans les années 1980, où l’on danse autant que l’on trafique et se drogue. Les décors d’un dancing viennent s’intégrer devant un beau ciel de soirée, aux nuages souvent rouges-orangés pour rappeler tant le feu de la bataille tout juste gagnée que les flammes de sentiments dont brûlent les deux amants.
Réécrits par le metteur en scène, les dialogues modernisés ne dénaturent jamais le propos en gardant intact notamment le double questionnement des amoureux s’apprêtant à co-signer leur mariage : « Tu m’aimes ? Non, pas plus que de raison… ». Assurément, cette façon de répondre ne serait pas celle du chef Sascha Goetzel, tant il met du cœur à l’ouvrage. Devant l’Orchestre national de Bretagne, il délivre dès l’ouverture l’ardeur et les effusions de la partition, en plus de ne jamais mettre en difficulté le plateau, souvent sollicité par la danse.
En forme de madison comme on en voit souvent dans les fest-noz bretons, la première danse met en avant la qualité scénique des choristes d’Angers Nantes Opéra, bien préparés vocalement par Xavier Ribes, même si leur intelligibilité reste limitée. Au contraire d’une clarté d’émission assurant une grande compréhension en salle, le Bénédict de Philippe Talbot est juste un peu essoufflé dans son grand air, dont il escamote avec une subtile technique les notes les plus hautes.
Excellent, Lionel Lhote offre avec Somaronne une magnifique chanson à boire au retour d’entracte, très aviné et moins sérieux qu’il ne l’était auparavant en compagnie du Don Pedro sobre de Frédéric Caton et du Claudio au médium chaleureux de Marc Scoffoni. Chez les dames, on a privilégié des timbres plus clairs qu’à l’ordinaire, en distribuant notamment Béatrice à la soprano Marie-Adeline Henry, plus convaincante dans les ensembles que dans son aria Il m'en souvient.
Marie Lenormand est également une Ursule plus claire que la tradition, mezzo d’une belle vocalité mais finalement trop proche de la tessiture de l’Héro d’Olivia Doray – dont on préfère la sensibilité de Je vais le voir en début d’opéra – pour se démarquer au duo final du I. Énergique et efficace, ce Béatrice et Bénédict signe une belle réussite des Opéras d’Angers Nantes et Rennes, six mois avant une nouvelle proposition par Damiano Michieletto à l’Opéra de Lyon.
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Opéra, Rennes Le 18/11/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Béatrice et Bénédict de Berlioz dans une mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau sous la direction de Sascha Goetzel à l’Opéra de Rennes. | Hector Berlioz (1803-1869)
Béatrice et Bénédict, opéra-comique en deux actes (1862)
Livret du compositeur, d’après Much Ado About Nothing de Shakespeare
Chœur d’Angers Nantes Opéra
Orchestre National de Bretagne
direction : Sascha Goetzel
mise en scène, décors & costumes : Pierre-Emmanuel Rousseau
Ă©clairages : Gilles Gentner
préparation des chœurs : Xavier Ribes
Avec :
Frédéric Caton (Don Pedro), Marc Scoffoni (Claudio), Philippe Talbot (Bénédict), Olivia Doray (Héro), Marie-Adeline Henry (Béatrice), Marie Lenormand (Ursule), Lionel Lhote (Somaronne), Achille Jourdain (Comédien, rôle parlé). | |
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