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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

RĂ©cital du pianiste Bruce Liu Ă  la Philharmonie de Paris.

Pierre qui roule
© Bartek Barczyk

Les amateurs de virtuosité ont été satisfaits par le récital du Canadien Bruce Liu. Son jeu d’une fluidité étonnante ne s’adapte pourtant que trop peu aux spécificités d’écriture des différentes œuvres de Bach, Chopin, Kapoustine, Rameau et Prokofiev au programme. Ce piano trop souvent envahi par la pédale laisse une impression superficielle.
 

Philharmonie, Paris
Le 28/11/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Une sonoritĂ© claire, belle et Ă©lĂ©gante : voici ce qui frappe dès les premières mesures de la Suite française n° 5 de Bach. Bruce Liu enchaĂ®ne les danses avec une fluiditĂ© dĂ©concertante. La Courante est prise Ă  grande vitesse, la Sarabande dĂ©taillĂ©e avec clartĂ©, mais finalement la caractĂ©risation de ce Bach bien Ă©levĂ© se rĂ©duit Ă  quelques basses ou mĂ©triques ostensiblement soulignĂ©es comme si le pianiste ne retenait qu’une idĂ©e par mouvement sans se dĂ©partir d’un Ă©quilibre presque impavide. Du coup, on se rĂ©jouit de le voir se lancer sur un terrain qu’on imagine mieux apprĂ©hendĂ©, celui de la Sonate pour piano n° 2 de Chopin.

    Celui qui fut le vainqueur du concours Chopin en 2021 ne change en rien son approche sonore. Si la virtuosité ailée de son jeu fascine dans les deux premiers mouvements, elle tend aussi à lisser le discours, faisant presque disparaître les mini ruptures qui l’émaillent. La Marche funèbre évite toute surcharge et se déroule selon une plastique impeccable, mais que dire de la section centrale qui se refuse au chant ? Ce n’est pas le Finale noyé sous la pédale au point d’évoquer des sons électroniques qui nous réconcilie avec ce jeu trop distancié. Sans aucun rapport avec ce qui précède, le choix des Variations de Kapoustine réveille la salle.

    Le pianiste canadien ne fait qu’une bouchée des innombrables difficultés de ces sept minutes de délire jazzistique. Sa virtuosité emporte le public avec lui dans un triomphe compréhensible. Dans un même temps, on cherche la joie contagieuse d’un Art Tatum ou un côté plus canaille qui permettrait de transcender cet exercice convenu. C’est une musique autrement nourrissante qui débute la seconde partie de soirée : des extraits parmi les plus fameux des Deuxième et Troisième Livre de pièces de clavecin de Rameau.

    Sous ces doigts plus qu’agiles, Les Tendres plaintes ou Les Cyclopes gardent leur séduction irrésistible. Toutefois, un jeu aussi fluide ne peut remplacer le cantabile qu’il faudrait aussi y mettre. Les Sauvages et La Poule révèlent aussi une trop grande stylisation du rythme, abordé de manière systématique, trop marqué et manquant de fantaisie poétique. La Gavotte et six doubles n’est ce soir qu’une formidable pièce de virtuosité et l’on s’agace encore plus que dans Chopin d’un usage de la pédale absolument hors de propos.

    Les mêmes qualités plastiques et cinétiques sont appliquées par le pianiste à la dernière pièce du programme, la Sonate n° 7 de Prokofiev. Ce jeu impeccable n’est pas froid mais il peine à traduire les climats inquiets de cette sonate de guerre. Les proportions sont maîtrisées mais une fois encore Liu réduit le Precipitato à un immense crescendo venant de très loin, impressionnant en diable, mais passant à côté de l’esprit de toccata de cette page.

    Trois bis, le Prélude en si mineur de Bach/Siloti, la Valse minute de Chopin et un Feuillet d’album de Chabrier sont dévidés avec une même élégance.




    Philharmonie, Paris
    Le 28/11/2023
    Thomas DESCHAMPS

    RĂ©cital du pianiste Bruce Liu Ă  la Philharmonie de Paris.
    Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Suite française n° 5 en sol majeur, BWV 816 (1720-1724)
    Frédéric Chopin (1810-1849)
    Sonate pour piano n° 2 en sib mineur, op. 35 (1839)
    NikolaĂŻ Kapoustine (1937-2020)
    Variations, op. 41 (1984)
    Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
    Deuxième et Troisième Livre de pièces de clavecin, extraits (1724 et 1728)
    SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
    Sonate pour piano n° 7 en sib majeur, op. 83 (1942)
    Bruce Liu, piano

     


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